page suivante »
43 siques, de vers dactyliques, êlégiaquas, cboriambiques : car, en vrai poète tout son mobilier était en parchemin (1). On y trouvait l'ardent Delphidiua, qui, encore enfant avait composé un poème épique, qui plus tard se jeta dans le barreau, et enfin dans le lumulte des affaires publiques (2). Le jeune Paulin, l'élève chéri d'Ausone, qui avait encore plus d'ame que de talent, et qui laissa quelque chose de mieux qu'un beau poème, l'exemple d'une vie de dévoû- ment dans une société égoïste. Parmi les invités, on distinguait à sa contenance modeste YictoriuSj lecteur infatigable et passiouné pour la plus abs- truse érudition. Il ne faisait ni poèmes ni discours ; con- naissait peu Cicéron, Virgile et toute la littérature moderne. Mais s'agissait-il des livres de Numa, des lois de Solon ou de Minos, alors il était sur son terrain: c'était un puits de science. Toutefois, ses collègues paraissaient estimer mé- diocrement cette bibliothèque archéologique ; il était resté professeur suppléant, et passait pour un assez faible gram- mairien (3). La réunion était nombreuse et généralement bien choisie ; ce qui ne veut pas dire que tous les convives fussent des hommes d'esprit ; au contraire, on avait eu l'habile pré- voyance d'inviter quelques-uns de hommes qui ne possè- dent qu'un talent, et encore sans le savoir, celui d'amuser les autres k leurs dépens. Une barque légère remontait rapidement la Dordogne (4), sa large voile s'arrondissait sous le vent propice qui souf- flait du Médoc. Au-dedans de l'embarcation, protégé par une tente éblouissante de blancheur, et mollement étendu sur un lit de repos, gisait un grand et gros personnage, c'é- (1) Ep. u. (2) Prof. Delphidius. (3) Prof. Victorius. (4) Ep. 6.