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peut plus d'esprit-, le vers est savant, travaillé et cependant
gracieux et facile :
           Hœc taqueum tenet, hœc speciem mucronis inatiem
           Ingerit, illa cavos amnes, rupemqne fragosam,
           Insanique metum pelagi, et sine fluctibus ajquor (1).

Enfin, le dénoûnient convient parfaitement au sujet : il se fait
au moyen d'un bouquet de roses, qui, dans la main de Cythé-
rée, devient une arme de vengeance, et fait même couler une
goutte de sang. Ainsi se termine cette pièce charmante, qu'on
prendrait volontiers pour une feuille de rose qui, pendant le
châtiment, serait tombée du bouquet de Vénus.


                                   IV.

                AUSONE CONDAMNÉ A LA MEDIOCRITE.



   Comment, avec tant d'esprit, d'enjouement, de facilité, de
connaissance de la langue et de la versification latine, Ausone
ne fut-il qu'un poète médiocre ? C'est que le poète n'est pas un
être isolé, indépendant, recueilli en lui-même et sans relation
avec ce qui l'entoure. Son talent est la résultante de sa propre
organisation et des circonstances où il est placé. Or, l'atmos-
phère que respirait Ausone n'avait pas assez d'air pour la poi-
trine d'un homme de génie. Aussi sa croissance s'arrêta vite :
le poète resta chélif, étiolé ; il ne parvint qu'à la taille de ce
qu'on appelle un homme d'esprit.
   Au temps d'Ausone, un grand poète était presque impos-
sible. La preuve en est qu'il n'en parut aucun : or, il n'est
pas probable que la nature ait déshérilé certains siècles des

   (i) L'une lient un cordon menaçant, l'autre lève sur lui la vaine appa-
rence d'une épée, celle-ci lui montre un fleuve profond, un rocher escarpé:
elle fait gronder devant lui une image de la mer, un océan sans flots.