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517 «ur l'honneur de sa fiancée, d'Aubigny ne peut pas le permettre et encore moins le tenir. L'installation de ses amis chez M me de Brie est encore une inconvenance que le d'Aubigny seul de M. Dumas peut autoriser, mais cet homme n'a ni cœur, ni courage à propos ; il ne prévoit rien. Qu'arrive-t-ilde tout cela? Un personnage une fois mal posé, toute la pièce s'en ressent, sur- tout quand ce personnage est un des pivots du drame. C'est donc à ce d'Au- bigny qu'il faut s'en prendre, à d'Aubigny, créature ridicule et impossible, niais qui se désespère quand il n'est plus temps, amoureux de vaudeville qui joue le rôle d'un mari trompé plutôt que d'un amant jaloux, qui ne fait rien pour éviter l'insulte à la femme qu'il aime et qui se dit cependant le soutien de cet enfant qui n'a pas d'autre appui. Citez-moi une invraisemblance, je vous répondrai d'Aubigny : c'est d'Aubigny qui sait l'heure où Richelieu s'introduit dans la chambre de Mlle de Belle Isle ; c'est d'Aubigny qui propose à son rival de jouer sa vie aux dez, et c'est d'Aubigny qui, à la fin , ap- pelle le duc son meiUeur ami, Suzanne tient un serment ridicule, d'Aubigny pourrait l'en délier eu lui apprenant quelle femme est Mad. de Prie. Je ne comprends pas l'amour de M"e de Belle-Isle pour ce d'Aubigny. Quant à la vraisemblance du quiproquo nocturne ; tout le monde l'a remarqué, tous les critiques parisiens à la fois; personne n'a pu accepter Mad. de Prie, la femme ga- lante, pour Mlle de Belle-Isle, la jeune vierge, et Richelieu moins Qu'un autre. Je ne parle pas ici de la crudité de la scène ; avec un sujet aussi délicat, avec une position aussi scabreuse, il fallait pour arriver à bien tout l'esprit, tout le talent dramatique d'Alexandre Dumas. Il nous fait passer à travers bien des courants impurs ; il nous envoie à pleines bouffées l'air parfumé du boudoir; il nous baigne dans un atmosphère voluptueux; il nous étourdit la tête et le cœur. L'ivresse des sens, voilà tout ce qu'on retire de ce spectacle. Mais, est-ce là seulement ce que le théâtre doit en- seigner et développer? Est-ce là où doit se renfermer sa mission? Deman- dez à l'auteur de Tartufe. L. R.