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et de grandeur. L'expression est toujours rigoureusement
 asservie à la pensée : point de luxe de métaphores ; point
d'ambitieux ornements ; pas un mot inutile; simplicité et ri-
chesse. La parole du professeur traverse rapidement l'oreille,
flatte en passant ou exalte l'imagination, et descend toujours
jusqu'au fond de l'intelligence. Il faut que M. Quinet ait
creusé largement et profondément sa matière; car il a de
ces phrases qui remuent tout un monde d'idées, de ces pro-
positions qui contiennent tout un livre. Il sait faire entrer
dans son expression la multitude entière des choses qui s'é-
tendent sous le regard de son intelligence. Voilà pourquoi
on désespère de le rendre, quand on n'a ni sa vaste érudi-
tion, ni son coup de pinceau synthétique.
   La voix de M. Quinet est grave; son débit plein d'énergie
 est fortement accentué ; sa pose négligée et sévère ; son
geste brusque et tranché. Sur sa figure animée rayonne sou
 ame toute entière. Son œil qu'il semble lancer au loin, a
quelque chose d'inspiré. Il est tellement possédé par son
 idée, que son être intellectuel semble être tout entier trans-
porté au sein du monde dont il vous parle. Ona dit que le
débit et le geste de M. Quinet manquent de correction, d'é-
légance et de grâce. Est-ce une louange, est-ce un blâme
que l'on a prétendu exprimer? Pour nous le débit, comme
le geste le plus parfait, c'est, non le plus pur et le plus
correct, mais le plus expressif, et le mieux en harmonie
avec le drame intérieur de la pensée. Eh quoi, quand la
pensée procède par élans, par éclats de lumière, vous en ac-
compagneriez l'émission d'un geste à cadence et à mesure
symétriquement régulières? Quelle discordance ! Le débit et
le geste de M. Quinet sont, suivant nous, ce qu'ils doivent
être, étant dictés par le caractère même et le mouvement
de sa pensée.
   Tel est à quelques égards, le professeurde littérature étran-
gère de la ville de Lyon. Je dis à quelques égards ; car si
nos impressions et quelques notes prises rapidement à cha-