page suivante »
449
pour l'autre, sont liés par d'intimes rapports. Quand on con-
temple les harmonies de la géographie mathématique et delÃ
géographie physique dans leurs relations avec l'organisation
intellectuelle et corporelle de l'homme, on tombe à genoux
devant l'infinie sagesse. Chaque chose dans la nature a son but,
sa valeur, ses mille points par où elle se rattache à l'ensemble
des choses. Tout est harmonie ; toutes les choses s'expliquent
les unes parles autres; tout porte l'empreinte d'une pensée
unique. Eh, n'est-ce pas le même verbe qui puisant dans son
sein donna des lois à l'univers et constitua la raison de l'hom-
me? Il y a donc, non pas équation, mais identité entre la rai-
son divine, la raison humaine et les lois qui régissent la na-
ture. Il est donc possible au mathématicien de trouver, au
bout d'une équation algébrique, les lois de la mécanique
céleste ; au philosophe de remonter de la connaissance de
lui-môme et de la nature au sein de Dieu ; à l'observateur
de conjecturer, en voyant la scène du monde, quelques-uns
des caractères du drame de l'humanité : le même artiste su-
prême ayant construit l'une et conçu l'autre, et l'acteur, émi-
nemment malléable, devant s'impressionner de tous les as-
pects de la décoration.
C'est donc sous l'impulsion d'une idée profondément phi-
losophique que M. Quinet est entré en matière par une es-
quisse de ce que l'on pourrait appeler la philosophie de la
géographie ; ayant indiqué les principales analogies de l'hom-
me avec la nature, et déterminé le caractère symbolique de
chacune des grandes parties du monde. Tâchons de le sui-
vre dans sa marche.
Au premier abord, la nature et l'homme offrent entre eux
un contraste frappant :
D'une part, invariabilité constante; même retour périodi-
que des jours et des saisons ; mêmes migrations annuelles
des mêmes espèces aux mêmes époques ; mêmes astres ac-
complissant toujours dans le même orbite et le même temps,
les mêmes révolutions. La nature entière semble tourner
29