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Je vous vois, ô vieillard, assis sous les portiques,
Et marchant lentement sous les platanes verts,
Et sur un lit d'ivoire, en ces festins antiques
Où coulaient à la fois le nectar et les vers.

Là, couronné de fleurs, ô hiérophante, ô prêtre,
Vous découvriez le seuil d'un monde radieux,
Vos amis se pressaient, beaux comme leur beau maître,
Et leurs regards suivaient le chemin de vos yeux.


Ainsi qu'un vin béni que l'on boit à la ronde
Vous répandiez sur eux un discours embaumé,
En flattant sous vos doigts la chevelure Monde
D'un jeune Athénien immobile et charmé.


Après, venait un chœur de femmes d'Ionie;
La flûte cadençait leurs pas mélodieux,
Puis, ô Grecs enivrés d'amour et d'harmonie,
Vous chantiez sur la lyre un hymne pour ies Dieux !


Sunium, Sunium ! ô sacré promontoire
Que la mer de Chyrto baigne amoureusement,
Ta cime a vu trôner le sage dans sa gloire
Il a mêlé sa voix à ton gémissement !

Il venait là s'asseoir sur la roche dorée
Le poète, il parlait avec un front riant.
Parfois, comme pour lire une page inspirée,
Il s'arrêtait, les yeux plongés dans l'Orient.


 Ses disciples, drapés dans leurs manteaux de laine,
 Dans les myrthes en fleurs se groupant au hasard,
 Recevaient dans leurs cœurs, — muets et sans haleine, —
 Le baume qui coulait des lèvres du vieillard.

 Sunium, Sunium ! as-tu fait à sa place
 Fleurir un laurier rose ou quelqu'arbre inconnu;
 As-tu plus de parfums pour la brise qui passe,
 Tes échos chantent-ils depuis qu'il est venu ?
                                   Victor DE LA PKADE.