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393 kraine, ou, penseur au front courbé, remuant du pied les feuilles sèches dans les forêts du Rhin. Ahasvérus est aussi l'homme dans ses contrastes avec la femme représentée dans le poème par Rachel ; tous les deux réalisent l'opposition du doute et de la foi, l'amour du réel et l'ambition de l'inconnu se donnant la main pour aller tomber ensemble aux pieds de Dieu dans le grand jour du jugement. A cette heure suprême ouïe drame se dénoue dans la mystique Josaphat, toutes les créatures comparaissent devant l'infini ; la terre est sauvée parce quelle a cru, la femme parce qu'elle a aimé ; Ahasvérus, réconcilié avec Dieu ne s'abîme pas encore en lui ; l'activité humaine reste distincte de l'absorbante unité, et par une voie désormais moins douloureuse elle poursuit sa course à travers d'autres mondes. Les idées recelées dans le mystère d'Ahasvérus sont si abon- dantes et si complexes qu'il faudrait une élude spécialement consacrée à ce livre pour essayer de les dégager de leur enve- loppe symbolique; il faut ajouter aussi que souvent l'auteur ne fait qu'aspirer, sans la rencontrer, vers la solution des dou- tes qu'il soulève; comme son siècle, il se pose nettement toutes lesqueslions, mais ne fait qu'entrevoir les réponses; comme lui aussi il nourrit une foi pleine d'amour pour le dogme de l'as- cension graduelle de l'humanité, c'est là l'idée consolante et divine qui surnage radieusemeut sur ce qu'il y a d'obscur dans son poème. C'est cette foi et cet amour qui vaudront à son œuvre, comme à la création devant Dieu, son salut et sa gloire devant le tribunal de l'esprit humain. Il n'apparlient qu'aux intelligences philosophiques de pénétrer dans le sanctuaire mystique» d'Ahasvérus et d'apprécier toute la portée de l'œuvre mais pour ceux-là même qui s'arrêtent à l'extérieur littéraire, il y a largement à admirer dans la composition eldans le style, un souffle lyrique du plus grand essor anime l'œuvre entière ; certaines scènes n'ont rien à envier aux belles scènes de Faust; la figure de Rachel a retenu quelque chose d'EIoa, d'Ab- foadona et de Marguerite.