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« ces , évaporaient, les jours d'été , cinq mille six cent quatre
« toises cubes d'eau, quantité suffisante, dit-il, pour entretenir
« par un canal d'arrosage bien dirigé, une fécondité perma
« nenle dans la Yallebonne ( vallée voisine , très sèche et peu
« fertile). »
Pour s'assurer de cette évaporation , il ne s'agit que décon-
sidérer par un des jours les plus sereins de Vannée, le plateau
de la Basse-Bresse et de la Bombes , de le considérer du point
culminant le plus rapproché, comme serait celui de Poleymieux,
Eh bien, que voit-on alors? un météore nébuleux , un man-
teau de brouillards qui couvre cette contrée , qui l'obscurcit,
qui pâlit la lumière solaire et qui en atténue l'action vivifiante.
Lorsque , dans la belle saison , l'évaporalion est active et que
la vapeur se dissout facilement dans l'atmosphère, s'il arrive
quelquefois que la Bresse se montre dévoilée dans le vaste h o -
rizon soumis aux regards de l'observateur , ce n'est que dans
le milieu d e l à journée et durant quelques heures seulement.
Dès que le soleil baisse, elle reparaît noyée dans un océan de va-
peurs. D'autres fois, il s'élève de son sein des nuages amoncelés
dans lesquels se préparentla foudre et la grêle. En général, dans
lasaison des pluies d'orage, le gros temps, pour les environs de
L y o n , vient toujours de la Bresse ou de la plaine marécageuse
du Forez.
LaBresse est donc essentiellement humide et déjà , sous ce
r a p p o r t , très malsaine. C'est celle humidité dont les Bressans
sont en quelque sorte saturés , c'est elle qui tient leur fibre
molle et relâchée, qui fait prédominer les sucs blancs (la lym-
phe) sur le sang et qui, jointe à l'usage de mauvais aliments,
entretient celui-ci dans un étal d'appauvrissement. C'est à cela
surtout, que les habitants de la Bresse doivent leur pâleur ,
leur lenteur au physique comme au m o r a l , les engorgements
glandulaires, les enflures, les ulcères, les hydropisies dont beau-
coux d'enlr'eux sont atteints, et les conditions maladives dans
lesquelles ils se trouvent tous. C'est ce qui fait aussi que chez
eux les maladies accidentelles sont toujours plus graves et le-