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357 gïessif. L'enfant apporte dans la vie un sang impur qu'il a puisé au sein maternel ; condamné lui-même à respirer un air vicié, peu vivifiant, il commence à languir dans cette première période de l'âge où d'ordinaire la force surabonde. Il est bientôt atteint d'affections teigneuses, darlreuses, scrofuleuses, avec des caractères qui attestent un sang pauvre et une vita- lité insuffisante pour l'entretien de l'équilibre entre les divers systèmes d'organes et le libre exercice de leurs fonctions ; et s'il franchit l'époque, critique et révolutionnelle de l'adoles- cence, il touche déjà à la vieillesse en atteignant l'âge adulte. Chez le Bressan, la décrépitude commence à l'âge de 30 ans ; celte époque de la vie qui, dans d'autres contrées, est celle de la force et du courage, se trouve ici marquée par les r i - des, par le terne de la peau, par l'affaissemeut physique et inoral, par le découragement, par l'indifférence, par la su- perstition, par le fatalisme, et par une foule d'actes de la vie plus ou moins condamnables, lesquels tiennent à l'absence de celte force morale que nous puisons dans notre ê t r e , qui échauffe notre cœur, qui soulève notre ame, et qui nous donne les moyens de résister à nos penchants, puis de nous distraire des idées fâcheuses dont nous sommes parfois obsédés. Ce tableau de l'état, en quelque sorte normal, des habitants de la Bresse devient bien plus affligeant encore lorsque la fiè- vre se montre avec son cortège de symptômes ; qu'elle donne au visage de la bouffissure et un teint blafard, qu'elle tuméfie le ventre et fait enfler les extrémités inférieures de manière à détruire toute proportion, toute régularité des formes -, enfin qu'elle engourdit les membres et augmente la lenteur d'une vie déjà si lente. C'est ainsi que se présentent les Bressans plu- sieurs mois de l'année et une grande parlie de leur vie. La plu- part succombent de 40 à 50 ans, et, du polit nombre de ceux qui résistent à une influence aussi fatale, quelques-uns ar- rivent à un âge très avancé, ce qui a servi de prétexte pour j u s - tifier l'insalubrité dos étangs. Cela prouve seulement que. là , comme ailleurs, il est d'heureuses natures, organisées de ma-