Revue du Lyonnais » série 1 - n°9 ( 1839 ) » pp.305

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 *ent autant que possible de la nature de ces merveilles de
 l'art. Notre société aussi est dans les douleurs de l'enfante-
 ment , est-ce donc le moyen de donner l'harmonie à l'ordre
 nouveau qu'elle doit créer, la vertu et la beauté aux généra-
 tions qui doivent naître que de leur représenter leurs pères
 comme des monstres d'immoralité et de déraison. Le moyen
 de se croire parfait et de devenir meilleur quand on se com-
 pare à d'aussi tristes antécédents. Les beaux modèles font
 avancer l'art, comme les beaux exemples de vertu relèvent,
 réveillent l'âme humaine de son abattement. L'imitation est la
 première loi du progrès ; comment se faire une idée de l'au-
 rore si l'on nous fait contempler sans cesse le crépuscule et
 les ténèbres ?
    George Sand dédie son œuvre à Pierre Leroux, c'est l'hom-
 mage d'un poète à un philosophe ; ce dernier admirera sou-
 vent la chaleureuse fougue de l'auteur de Lélia, mais nous
 croyons que plus d'une fois le sourire sera venu errer sur son
 visage méditatif en parcourant Spiridion. Car, Vico a dit quel-
 que part : Les poètes sont le sens, les philosophes l'intelli-
 gence du genre humain.
    Quelques personnes veulent voir dans le personnage ascéti-
que de Spiridion, et nous ne serions pas éloignés de penser que
George Sand a eu peut-être cette intention, l'éloquent auteur
des Paroles d'un croyant. Si George Sand a voulu peindre
Lamennais avec ses angoisses, ses tristesses, qu'elle doit
connaître mieux que qui que ce soit, nous dirons qu'elle s'est
totalement trompée, selon nous, sur ses doctrines. On a beau
vouloir incriminer les idées du pieux écrivain du Traité de l'in-
différence , les tourner, les retourner pour le faire contredire,
la philosophie du sens commun qui prend son point de départ
au traité que nous venons de nommer, se déroule sur la route
unie de la logique, grande , majestueuse , sublime, sans que
rien ne puisse l'arrêter dans son noble développement. La
théorie veut devenir pratique ; l'intelligence ne peut pas tou-
jours rester dans les régions élevées de la contemplation , il
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