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     Arrrivons au dénouement de ce drame religieux qui saisit
si vivement le cœur,
     Lelieu de la scène étaitàFranckhausen, où tous les princes
s'étaient donné rendez-vous. L'armée des seigneurs confédé-
rés était commandée par le landgrave de Hesse et le duc Geor-
ges de Saxe, ce prince, dont Erasme a vanté l'amour pour les
l e t t r e s , et que Luther outrage à chaque page de sa cor-
respondance. Le duc se vengea noblement du réformateur ;
il se battit en soldat.
   Thomas Mûnzer avait choisi pour camp un monticule, dont
il avait entouré la base de débris d'arbres et de chariots, pour
n'être pas entamé par la cavalerie.
   Ce fut un spectacle curieux que le lever du soleil sur les
deux armées. Celle des confédérés était rangée en bataille dans
une vaste plaine. Ses deux aîles étaient défendues par des
escadrons de cavalerie, dont les cuirasses scintillantes sem-
blaient inonder de leurs feux les parois de la montagne où s'é-
taient amoncelés les paysans. Au centre, l'infanterie présentait
une masse noire rompue à quelques intervalles, par des banniè-
res où flottait l'image d'un saint, ou les couleurs de la maison
qu'elles représentaient. Quelques vieux canons arrachés des
arsenaux où ils dormaient depuis longtemps, ou des fortifica-
tions qu'ils n'avaient pas défendues depuis des siècles, rou-
laient devanlles lignes pour effrayer les paysans.
   La montagne, donttous les plis étaient sillonnés de soldats,
offrait un autre coup-d'œil ! Le regard eût cherché vainement
un ordre, une combinaison stratégique, dans ces groupes irré-
guliers de combattants. On n'apercevait que des masses iné-
gales séparées l'une de l'autre par quelque accident de ter-
rain, et pareilles, dans leurs mouvements, à des nuages qui
rouleraient l'un sur l'autre. Sans les cris de guerre qui, par
instants, s'en échappaient, sans les étendards que le vent agi-
tait au dessus de ces tètes, et où brillait l'arc-en-ciel, on eût
pu prendre cette cohue de révoltés pour un de ces auditoires
que traînait après lui Mûnzer.