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283 Qsiander, le sacramenlaire, regrette que Mûnzer n'ait pas connu ce passage du libelle de Luther contre Sylvertre Prié- rias. — Si contre les voleurs nous employons la potence, contre les meurtriers le glaive, contre les hérétiques le feu, nous ne laverions pas nos mains dans le sang de ces chefs de per- dition, de ces cardinaux, de ces papes, de ces serpents de Rome et de Sodome qui souillent l'église de Dieu. — Pauvres paysans, ajoute Osiander, que Luther flatte et caresse, tant qu'ils n'attaquent que l'épiscopat et le clergé ! Mais quand la révolte grandit, et que les rebelles, se riant de sa bulle, le menacent lui et ses princes, alors paraît une autre bulle, où il prêche le meurtre des paysans, comme il ferait d'un troupeau. Et quaud ils sont morts, savez-vous comme il chante leurs funérailles ? En se mariant avec une nonne ! Et, à la voix d'Osiander, vient se joindre celle d'Erasme pour accuser Luther : — C'est en vain que, dans votre cruel manifeste contre les paysans, vous repoussez tout soupçon de révolte; vos libelles sont là , ces libelles écrits en langue vulgaire, où, au nom de la liberté évangélique, vous prêchez une croisade contre les évêques et les moines : c'est là que repose le germe de tous lumulles. •—Allons,mes princes, criait Luther, aux armes ! Frappez, aux armes, percez ! Les temps sont venus, temps merveilleux, où, avec du sang, un prince peut gagner plus facilement le ciel, que nous autres avec des prières. Mélancthon s'unissait à son maître pour accabler les pay- sans. Il disait aux princes : — Ces rustres sont en vérité déraisonnables ; que veulent- ils donc, ces hommes des champs qui ont encore trop de li- berté? Joseph charge le dos de l'Egyptien, parce qu'il sait bien qu'il ne faut pas lâcher la bride du peuple. Les révoltés, placés tout à coup entre la mort et l'apostasie, n'hésitèrent pas : la mort, c'était le martyr, l'apostasie le