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ne devinait pas le caractère politique qu'ils devaient revêtir,
s'adresse à la noblesse d'Allemagne; et ses conseils ressem-
blent aux transports des prophètes contre les enfants d'Iraël,
plutôt qu'aux avis d'un médiateur.
— A vous d'abord la responsabilité de ces tumultes et sédi-
tions, princes et seigneurs, à vous surtout évoques aveugles,
prêtres insensés et moines.
« Vous qui vous obstinez à faire les fous, et à vous r u e r
contre l'Evangile, tout en sachant bien qu'il restera debout et
que vous ne prévaudrez pas.
« Comment gouvernez-vous? vous ne savez que pressurer,
déchirer et dépouiller, pour soutenir votre pompe et votre
pétulance. Le peuple et le pauvre sont saouls de vous.
« Le glaive est levé sur vos têtes, et vous croyez être assis si
fortement sur votre siège que vous ne puissiez être renversés.
« Aveugle sécurité qui vous rompra le c o u , vous le ver-
rez Dieu vous presse et vous menace ; sa colère fondra
sur vous; si vous ne faites pénitence.
« Voyez les signes du ciel, ces avertissements de Dieu ! cela
ne vous dénote rien de bien, mes chers maîtres.
« Ce sont des prédictions d'en haut, mes bons seigneurs,
qui vous disent qu'on est las de votre joug, et que le temps
est venu où l'on s'apprête à le jeter bas.
« Il faut changer. Gare à la colère de Dieu : si vous n'y
mettez d e l à bonne volonté, on emploiera la force brutale.
« Si les paysans ne s'étaient pas levés^ d'autres seraient
venus ; et quand vous anéantiriez tous les révoltés, d'autres
apparaîtraient : Dieu en susciterait de nouveaux. Il veut vous
châtier et il vous châtiera.
« Mes bons seigneurs, ce ne sont pas les paysans qui s'in-
surgent contre vous^ c'est Dieu lui-même qui vient vous visi-
ter dans votre tyrannie.
« A un homme ivre on fait une litière de paille, au paysan
il faut un lit encore plus doux. N'allez pas guerroyer avec eux,
car vous ne savez pas csmment cela finira.