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               PREMIÈRE REPRÉSENTATION
                                DE


  L'AMITIÉ DES GRANDS,
                   Comédie eu S actes et en vers ;




   Nous profitons du peu d'espace qui nous reste pour cou.,
tater le succès d'un ouvrage^ sur l'analyse duquel nous pour-
rons revenir plus tard.
   Pour celui qui eut sérieusement rêvé, à Lyon, les gigan-
tesques triomphes que la camaraderie parisienne est habi-
tuée à produire, la réussite de l'Amitié des Grands serait une
moitié de déception ou si vous le préférez un simple succès
d'estime ; mais, hélas ! combien, sous ce rapport, notre pau-
vre cité est loin de la capitale ! Ici l'industrie a tué l'en-
thousiasme, et le mercantilisme étouffe le feu sacré. Procla-
me* chez nous l'héroïque essai d'une décentralisation litté-
raire et votre voix se perdra dans le bruit des comptoirs;
appelez notre peuple aux luîtes du génie, essayez d'harmo-
nieux concerts de poésie et si le génie ne se fait pas ma-
chine à production, si la poésie ne s'échafaude pas sur les ac-
cords du cuivre des orchestres, vos lices seront désertes, vos
théâtres s'étonneront de leur solitude. Ainsi va Lyon: nous
devons subir ses habitudes puisqu'il n'est pas en notre pou-
voir de les changer, et comme dans une chose tout est re-
latif aux circonstances parmi lesquelles elle se développe,
nous dirons que l'Amitié des Grands vient d'obtenir un beau
succès : notre public intellectuel a sanctionné ce jugement
et le nom de M. Florimond Levol a été proclamé au milieu
des applaudissements.
   Devons-nous nous étonner de ce résultat, ou plutôt l'évé-
nement contraire n'eût-il pas été la plus criante injustice, le
 signale plus irrécusable d'une malveillante froideur ?




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