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4 proclamaient bien haut le nom de son rival. Nourrit ne voyait que Paris dans la France, et rien n'en détournait ses regards, ou si par moment il regardait près de lui, partout il croyait voir les encouragements de la pitié; le malheureux ne se connaissait plus. Tantôt nous l'avons vu brisé parle décou- ragement et méditant sur les vanités de la gloire , tantôt il parlait un langage de mort avec Schubert, tantôt cédant à l'en- thousiasme et brûlant d'un souffle de Dieu , il prophétisait la résurrection de l'art! Tout s'embrasait alors; ses yeux lançaient la flamme ; un reflet de génie illuminait ses traits , et sa voix reprenait son accent solennel : «C'est alors qu'il se dit: J'iraime réchauffer au soleil d'Italie, je m'inspirerai sous les feux du Vé- suve, je créerai en moi un autre homme, et Paris de nouveau s'agenouillera à mes pieds , parce que je lui reviendrai sacré par l'élude étrangère et plus haut de cent coudées. «Oui, Nour- rits'était dit ces choses, et voici qu'il était venu sur les terres d'Italie. Oh ! c'est ici que tout devient providentiel pour cet homme. L'artiste avait compté sur lui-même, et Dieu lui retira la magnificence de ses dons, et il lui ferma les voies de son re- tour à la gloire, et il frappa son esprit de cécité. Qui nous dira la longue et patiente étude de Nourrit voulant dépouiller le vieil homme et réformer les lois de sa na- ture! Le voyez-vous enflant sa poitrine et sa voix , usant ses organes , s'impatientant contre son impuissance, et se dessé- chant sous les feux de sa passion ? Voyez-vous ce martyr de l'art et des grandeurs mondaines, faire à sa gloire le sacrifice de son repos et de son être? Le voyez-vous insoucieux des soins de sa famille ne songeant qu'à la France , parce que dans la France il ne songe qu'au souvenir de lui ? Un horrible lien d'orgueil l'enserre.Nourrit a proclamé la lutte qu'il va tenter, il ne peut plus que triompher ou périr, et sous cette alternative il se débat irrésistiblement. Certes , elle fût bien poignante la souffrance de notre artiste, alors que s'interrogeant chaque our , il vit chaque jour décliner ses forces. Le voilà qui de- mande à sa voix quel progrès elle a faits depuis la veille, et sa