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nombreuses des Italiens qui vinrent chercher chez nous un
abri contre les persécutions. C'est principalement à celte der-
nière cause que l'on doit de compter parmi les noms des Fran-
çais illustres ceux des Gondi, des Gadagnes, des Strozzi, des
Pazzi, des Baglioni, des P i l t i , des Salviali, des Almani, des
C a p p o n i , d e s Pianelli ; des Spinola, des Adamoli, des Mas
c r a n n i , des Pestalozzi, des Bonvisi, des Scarron, des Sève ,
des S p o n , e t c , , tous établis et naturalisés à Lyon aux XVe et
XVI e siècles.
    Quoi qu'il en soit, on voit combien il est absurde de fonder
sur les bas de chausses d'Henri II une appréciation de l'état
des manufactures françaises. Le luxe était effréné sous sou
r è g n e , et la soie en était un des principaux objets. Afin
d'en donner une idée aux lecteurs qui pourraient croire
que nous exagérons l'importance de la fabrique lyonnaise au
XVI e siècle, nous leur dirons que lors de l'entrée du même
Henri II clans Lyon avec sa femme Catherine de Médicis , les
23 et 24 septembre 1548 , plusieurs milliers de citoyens lyon-
nais défilèrent devant le monarque, revêtus de taffelas, de sa-
tin, de velours.
    Les figurants de ce pompeux cortège , vive épigramme lan-
cée par anticipation contre, le luxe mesquin et parcimonieux
de nos jours, n'étaient point comme on peut se l'imaginer, de
grands personnages , de fiers gentilshommes, ni m ê m e de
riches bourgeois ; c'étaient de pauvres ouvriers , des compa-
gnons des corporations, de simples maçons, des charpentiers,
des menuisiers, des lisserands 3 des bouchers, etc. Cette splen-
deur inouïe, qui blesse notre orgueilleuse avarice , n'était pas,
comme on le croirait encore , l'effet i n s t a n t a n é , l'expression
éphémère d'une joie rare qui se manifestait d'autant plus vive
qu'elle avait été plus comprimée ; elle ne forçait point nos
aieux à la prodigalité , à d'immenses sacrifices ; c'était tout
simplement l'indice d'une grande abondance de produits
soyeux, de leur bon marché et de l'amour de toutes les classes
pour l'éclatante parure qu'ils procurent. Ces fêtes se renouve-