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            Reprend sou premier ornement,
            Tant vaut le grave enseignement
            De ta parole auctorisée.
   Le valet portait donc alors la soie aussi bien que son maî-
tre , et le sieur de Ronsard insistait sur la nécessité d'une dé-
marcation ; il voulait que la noblesse seule pût se vêlir de
tissus précieux , comme elle en avait eu seule le droit jadis , à
des époques bien reculées.
   Il prétend , il est vrai, que les Tusques (ce sont probable-
ment les femmes de la Toscane ) s'usaient à préparer nos ve-
lours ; mais il se connaissait mieux en poésie qu'en industrie ,
ce qui n'est pas beaucoup dire , et nous verrons tout-à-l'heure
que la France pouvait déjà fournir à cette époque , sinon de
grandes quantités de soie indigène , au moins des masses
 énormes de tissus fabriqués par elle-même.
   Mais c'est peu, reculons d'un demi siècle : Au passage de
FrançoisI er dans Lyon, le 14 juillet 1515, MM. les conseillers
de la ville allèrent le complimenter , vêtus de robes de damas
 tanney et de pourpoints de satin cramoisi ; ils étaient accom-
pagnés des Lucquois , habillés de robes de damas noir , des
Florentins, vêtus de robes de velours , et après , venaient les
 enfansde la ville, habillés d'accoutrements blancs, comme de
 draps d'argent, de velours et de salins blancs. L'on remar-
 quera que ce n'était point « par paire , mais par centaines »
 que défilèrent nos aïeux ainsi accoutrés. Il y a loin de la ma-
 gnificence déployée dans Lyon, en 1515, à la modeste paire de
 bas de soie que portait Henri II aux noces de sa sœur, qua-
 rante à cinquante ans plus lard. Cette remarque a déjà été
 faite par feu le savant Grognier, professeur à l'école vétéri-
  naire de Lyon.
   Rétrogradons encore : le même M. Grognier, dans ses notes
pour servir à l'histoire de la grande manufacture de Lyon, cite
l'entrée du roi Louis XII dans cette ville, le samedi 17 juil-
let 1507. .
   « A la porte du Rhône esto':t le premier eschaffaut, et y avoit