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204 Reprend sou premier ornement, Tant vaut le grave enseignement De ta parole auctorisée. Le valet portait donc alors la soie aussi bien que son maî- tre , et le sieur de Ronsard insistait sur la nécessité d'une dé- marcation ; il voulait que la noblesse seule pût se vêlir de tissus précieux , comme elle en avait eu seule le droit jadis , à des époques bien reculées. Il prétend , il est vrai, que les Tusques (ce sont probable- ment les femmes de la Toscane ) s'usaient à préparer nos ve- lours ; mais il se connaissait mieux en poésie qu'en industrie , ce qui n'est pas beaucoup dire , et nous verrons tout-à -l'heure que la France pouvait déjà fournir à cette époque , sinon de grandes quantités de soie indigène , au moins des masses énormes de tissus fabriqués par elle-même. Mais c'est peu, reculons d'un demi siècle : Au passage de FrançoisI er dans Lyon, le 14 juillet 1515, MM. les conseillers de la ville allèrent le complimenter , vêtus de robes de damas tanney et de pourpoints de satin cramoisi ; ils étaient accom- pagnés des Lucquois , habillés de robes de damas noir , des Florentins, vêtus de robes de velours , et après , venaient les enfansde la ville, habillés d'accoutrements blancs, comme de draps d'argent, de velours et de salins blancs. L'on remar- quera que ce n'était point « par paire , mais par centaines » que défilèrent nos aïeux ainsi accoutrés. Il y a loin de la ma- gnificence déployée dans Lyon, en 1515, à la modeste paire de bas de soie que portait Henri II aux noces de sa sœur, qua- rante à cinquante ans plus lard. Cette remarque a déjà été faite par feu le savant Grognier, professeur à l'école vétéri- naire de Lyon. Rétrogradons encore : le même M. Grognier, dans ses notes pour servir à l'histoire de la grande manufacture de Lyon, cite l'entrée du roi Louis XII dans cette ville, le samedi 17 juil- let 1507. . « A la porte du Rhône esto':t le premier eschaffaut, et y avoit