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être impropres à cette culture , et ceux du midi semblaient
s'être réservé pour toujours son monopole.
    Cette conquête faite sur le climat est sans doute utile et
glorieuse. ; nous y applaudissons de toutes nos forces; mais
avec elle se sont glissées des opinions erronées touchant l'o-
rigine des fabriques françaises et l'époque de l'introduction de
la soie dans notre patrie. En notre triple qualité de Lyonnais,
de peintre, et d'ami delà vérité, nous ne pouvons laisser
s'accréditer des assertions mensongères qui compromettent
à la fois l'histoire, l'honneur de Lyon et l'avenir de la couleur
locale.
    Mézerai, qui écrivait vers 1651, et qui tenait sans doute à
exalter la richesse de la France sous les Bourbons , au détri-
 ment de l'ère des Valois , est, à noire connaissance , le pre-
 mier historien qui ait parlé de la rareté de la soie sous
 Henri II.
    Le crédit aveugle qu'on accordait à son livre jusqu'à ces
 derniers temps , a porté ses fruits ; on l'a copié, répété, com-
 menté , sans mettre en doute un instant sa bonne foi ni ses
 connaissances; et nous voilà tous convaincus que l'introduc-
 tion de la soie en France date à peine delà fin du XYIe siècle.
    Je lis dans l'Essai de M. L... sur les mûriers : La soie exis-
 tait encore en si petite quantité au commencement du XVh siècle,
 qu'elle était réservée toute pour les souverains ; Henri 11 fut d'a-
 bord le seul en France qui possédât une paire de bas de soie.
    Cela est formel ; c'est Mézerai qui l'a dit , et à moins d'y
 mettre de la mauvaise volonté , il n'y a plus qu'à croire et à
  se taire.
    Yoyons pourtant.
    Henri I I , monté sur le trône en 1547, porta les fameux bas
  de soie , en 1559, aux noces de sa sœur Marguerite , qu'il avait
 accordée en mariage à Philibert-Emmanuel, duc de Savoie ; or
  laBresseetleBugey étaient alors savoyards ; les bas de soie
  du roi de France nous intéressent donc à double titre. Ce fut
  pendant ces fêtes, d'autres disent pendant les réjouissances