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                                î-97
   B'avanee on sait à qui doit tomber, pour l'an qui court,
l'obligation du caramentrant, et comme il s'agit de remplir
auprès d'elles une mission de vieille courtoisie, le choix du
quartier tombe toujours sur le plus ancien, le patriarche de
la rue, d'ordinaire vieux Barère, ou mène bare qui a vu les
Jurandes et les maîtrises. Il sait depuis A jusqu'à et tout ce
qui est à faire en pareille occasion. Nécrologe vivant de toutes
les joies passées, il a tant vu de feux s'allumer et s'éteindre !
De son temps les caramentrants avaient la hauteur d'un étage;
mais alors il n'y avait pas de chemins de fer pour enlever la
houille. On connaissait mieux les mines. On ne les vendait
pas. Il a vu commencer le canal de Givors qui devait unir les
deux mers ; mais il ne le verra pas finir (1). Son costume date
de l'époque. Ses larges boutons d'habit et mille accessoires de
toilette déposent que si la mode a ses infidélités, elle a bien
aussi ses retours.
   Ce type de l'ancienne population , ce conservateur des an-
ciens us, connaît toute l'importance du message. Paré de ces
habits de fête, il se rend au domicile conjugal. L'usage veut
qu'il y porte une pierre. Cette pierre est la pierre angulaire

    (1) Ce fut en 1760 que François Zacharie, horloger à Lyon, conçut le pro-
jet d'un canal qui communiquerait du Rhône à la Loire, et par là lierait
l'Océan à la Méditerrannée. Ce canal devait avoir la direction suivante : de
 Givors, remonter le Gier jusqu'à Saint-Chamond; de là arriver à Saint Etienne
en côtoyant leJanon. Près de Saint-Etienne, on établissait le principal réser-
voir nécessaire aux deuv branches, et de ce réservoir le canal descendail du
 côté de la Loire, en passant par Saint-Priest jusqu'au port de Saint-Rambert
ou celui de Bouthéon.
   Ce canal s'arrête aujourd'hui au Sardon, à une demi-lieue au sud de Rive-
 de-Gier.
   La mort de François Zacharie a fait avorter cette grande entreprise. H
est déplorable que le gouvernement ne s'empare pas de la continuation Je
 celte œuvre, au sujet de laquelle M. Bergeron, ancien élève de l'Ecole Poly
technique, a récemment publié un fort bon travail. Il est encore à déplorer
.qu'on ait si vite oublié le nom de l'auteur de cette belle conception.