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  p r e à la reproduction du paysage. En effet, ce genre doit une
  grande partie de sa valeur à d'heureuses combinaisons de
 glacis , de frottis et d'empâtements, moyens que ne permet pas,
  à notre avis, la peinture encaustique. Reste encore à savoir
  jusqu'à quel point l'imagination active du paysagiste s'accomo-
 derait d'un procédé qui le douerait pendant deux mois devant
 un ciel , lui qui regarde comme une nécessité de terminer ses
 fonds dans un très petit nombre de séances , quelque soit la
 dimension de sa toile. On comprend facilement que le iigu-
 risle,, une fois son idée c o n ç u e , puisse difl'érer l'exécution des
 différentes parties de son tableau , en intervertir l'ordre, ef-
 facer des portions terminées, repeindre en clair sur des fonds
 noirs, changer un ciel en rochers , une tenture en forêts, des
 terrains en ligures humaines. Pour lui tout ce qui n'est pas fi-
  gure est accessoire ; le ciel n'est que le complément du
 groupe; les fonds et les détails expliquent et développentl'ac-
 tion; Je sujet, je Je répète , est tout; et ce sujet occupe le
 premier plan. Dans un tableau d'histoire , il m'importe donc
 fort peu que le ciel soit v r a i , fin, lumineux ; il est même sou-
 vent nécessaire que cette base fondamentale d'un paysage soit
 négligée par le figuriste qui a besoin de toutes ses ressources
 pour les devants. Dès lors la peinture encaustique sera pour
lui d'une heureuse application. Une tête commencée aujour-
 d'hui pourra être abandonnée àeux mois, et continuée alors
 sans inconvénient, car les gammes dont il se sert en général
procèdent par tons solides et d'une réalité matérielle, si je
puis m'exprimer ainsi. Il est certain de retrouver plus tard sur
sa palette, avec un peu de patience et dans u n d e s e s moments
 d'inspiration , le Ion qui le fuit aujourd'hui et qui l'arrête dans
son travail. II réparera même un accident, et repeindra à nou-
veaux frais sans qu'il y paraisse. Cela provient, je le répèle, de
la nature de sa palette , qui sans être moins fine et moins sub-
tile , est tout autre que celle du paysagiste. Celui-ci est d'abord
soumis à une grande loi première, sans laquelle il n'est point
de succès pour lui. Il est clans la dépendance absolue de son ciel.
Le ciel occupe presque toujours la plus grande partie de sa
toile , il se lie aux fonds par les v a p e u r s , aux premiers plans
par la lumière et les reflets, à tout l'ensemble par l'harmonie.
Toute la poésie de son œuvre est dans le ciel. Ensuite les tein-
tes de cette partie éloignée du tableau, sont, en général, si fu-
gitives, si doucement fondues, si claires, si impalpables, qu'on
nepourrait les retrouver sur sa palette après la moindre inter-
ruption .
   Il est donc nécessaire de les poser définitivement, en peu
de jours , avant que le sentiment poétique ne se prosaïse par le
contact des sentiments matériels que réveillent les difficultés