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162 p r e à la reproduction du paysage. En effet, ce genre doit une grande partie de sa valeur à d'heureuses combinaisons de glacis , de frottis et d'empâtements, moyens que ne permet pas, à notre avis, la peinture encaustique. Reste encore à savoir jusqu'à quel point l'imagination active du paysagiste s'accomo- derait d'un procédé qui le douerait pendant deux mois devant un ciel , lui qui regarde comme une nécessité de terminer ses fonds dans un très petit nombre de séances , quelque soit la dimension de sa toile. On comprend facilement que le iigu- risle,, une fois son idée c o n ç u e , puisse difl'érer l'exécution des différentes parties de son tableau , en intervertir l'ordre, ef- facer des portions terminées, repeindre en clair sur des fonds noirs, changer un ciel en rochers , une tenture en forêts, des terrains en ligures humaines. Pour lui tout ce qui n'est pas fi- gure est accessoire ; le ciel n'est que le complément du groupe; les fonds et les détails expliquent et développentl'ac- tion; Je sujet, je Je répète , est tout; et ce sujet occupe le premier plan. Dans un tableau d'histoire , il m'importe donc fort peu que le ciel soit v r a i , fin, lumineux ; il est même sou- vent nécessaire que cette base fondamentale d'un paysage soit négligée par le figuriste qui a besoin de toutes ses ressources pour les devants. Dès lors la peinture encaustique sera pour lui d'une heureuse application. Une tête commencée aujour- d'hui pourra être abandonnée à eux mois, et continuée alors sans inconvénient, car les gammes dont il se sert en général procèdent par tons solides et d'une réalité matérielle, si je puis m'exprimer ainsi. Il est certain de retrouver plus tard sur sa palette, avec un peu de patience et dans u n d e s e s moments d'inspiration , le Ion qui le fuit aujourd'hui et qui l'arrête dans son travail. II réparera même un accident, et repeindra à nou- veaux frais sans qu'il y paraisse. Cela provient, je le répèle, de la nature de sa palette , qui sans être moins fine et moins sub- tile , est tout autre que celle du paysagiste. Celui-ci est d'abord soumis à une grande loi première, sans laquelle il n'est point de succès pour lui. Il est clans la dépendance absolue de son ciel. Le ciel occupe presque toujours la plus grande partie de sa toile , il se lie aux fonds par les v a p e u r s , aux premiers plans par la lumière et les reflets, à tout l'ensemble par l'harmonie. Toute la poésie de son œuvre est dans le ciel. Ensuite les tein- tes de cette partie éloignée du tableau, sont, en général, si fu- gitives, si doucement fondues, si claires, si impalpables, qu'on nepourrait les retrouver sur sa palette après la moindre inter- ruption . Il est donc nécessaire de les poser définitivement, en peu de jours , avant que le sentiment poétique ne se prosaïse par le contact des sentiments matériels que réveillent les difficultés