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113 « ainsi que la noie par moi lue, avec toutes les notes, les « noms des jurés et des juges qui ont prononcé mon arrêt de « mort. » « Ainsi son dernier écrit était encore une lis le de proscription! « Je recommande, dit-il dans un autre écrit, mon amc à Dieu? « et ma vengeance à ma patrie (1). » Plus loin, Maurille rapporte un fait douloureux et bien connu dans notre cité, où résident plusieurs membres de la famille qui fut victime de celte barbare sentence. « Lauras (2) était père de dix enfants ; sa femme était en- ceinte du onzième; elle court, avec sa famille épîorée, se jeter aux pieds des juges, pour solliciter la liberté de son mari. La tendresse conjugale, la piété filiale et tous ces élans de la na- ture qui déchirent l'ame sensible n'avaient aucun accès sur le cœur de ces êtres féroces. Qu'on éloigne ces rejetons d'une race rebelle ! telle fut la réponse des juges. « L'accusé est condamné à mort, en présence de sa famille. Sa malheureuse épouse crut émouvoir les représentants; ses espérances furent encore trompées. Lauras marche au s u p - plice ; sa femme, entraînée par son désespoir, s'élance jusques sur la guillotine, pour enlever son mari aux bourreaux; il est frappé dans ses bras, son sang rejaillit sur elle. L'horreur dont elle est saisie hâte dans ses entrailles les douleurs de l'enfan- tement. On la porte chez elle mourante ; les émissaires de la commission temporaire y arrivaient en m ê m e temps ; les scellés sont apposés sur les effets les plus indispensables ; on la chasse de sa maison, sans lui permettre d'emporter m ê m e les linges nécessaires à [l'être auquel elle venait de donner le jour. Cette femme succombe à sa d o u l e u r , et ses enfants sont relégués dans un hôpital (3). » (1) P. 118. (2) C'esl Loras qu'il faut écrire. L'évéque actuel de Dubucque est un de ces dix enfants dont parle Maurille. (3) P. 182. 8