page suivante »
64 de Lyon aussibien vêtus que nous, ils ne travaillaient que trois jours par semaine, et passaient gaiement leur temps dans les jeux de boules et les cafés des Brolteaux. Un gouvernement courageux pourrait exiger du clergé de Lyon de ne pas pousser les ouvriers au mariage. On agit dans un sens contraire, ou ne prêche pas autre chose dans le tribu- nal de la pénitence. Ces ouvriers de Lyon fabriquent des étoffes admirables d'é- clat et de fraîcheur, dans la chambre qu'ils habitent; entourés de toute leur pauvre famille. Toute la journée, le plus jeune associé des maisons de soierie de Lyon court de chambre en chambre, (on compte quinze mille de ces ateliers), et paie ces ouvriers selon le degré d'avancement de leur ouvrage; ce fai- sant, cet associé gagne G,000 francs par an . Lui, sa femme et ses enfants en mangent 5,000, elils mettent de côté 1000 francs q u i , après quarante années de travail, deviennent 100,000. Alors le père de famille se retire dans quelque maison de cam- pagne, à quatre ou cinq lieues de sa patrie. Mais si au milieu de celle vie si tranquille il survient une émeute, le Lyonnais se bal comme un iion. Celle vie douce, prudente, égale, sans nou- veauté aucune, qui me ferait mourir infailliblement au bout d'une couple d'années, enchante le Lyonnais. Il est amoureux de sa ville. Il parle avec enthousiasme de tout ce qu'on y voit. C'est ainsi que l'on vient de me conduire à une salle située quai Saint-Clair, et où six cents personnes boivent de la bière en- semble tous les dimanches. Sur la rive gauche du Rhône, Lyon avait, en Dauphiné, un pe- tit faubourg qui s'appelle la Guillolière, et qui est devenu depuis peu une ville de vingt-quatre mille habitants. Par malheur, le Rhône tend à quitter Lyon et à se jeter sur la Guillolière. Il est question depuis vingt ans de faire une digue formidable, mais jusqu'ici on n'a pas réussi; sous la Restauration, les jésuites s'étaient emparés de la direction de celte digue. Ces messieurs étaient arrivés à cette affaire comme dirigeant celles de l'hôpi- tal qui a des biens sur l'une et l'autre rive du Rhône. Mais la