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VI ne connaissaient que son anguleux pavé, bien loin d'avoir étudié nos mœurs et le fond de notre vie habituelle, Ses hommes-là , par gloriole de Parisiens ou par outre- cuidance de faux marquis , prononçaient en dernière analyse sur la traditionnelle malpropreté de tout Lyon , sur les gros pieds des Lyonnaises , sur notre esprit bour- geois et notre béotisme avéré. Ici donc, suivant eux, les sciences ne sauraient avoir de partisans, les beaux-arts ne comptent point d'adorateurs, les lettres point de re- présentants , et les calculs absorbants de l'industrie clouent au sol toute faculté expansive. Voilà ce que di- sent et répètent à satiété les plus vulgaires même d'entre les commis-voyageurs. Or, des esprits d'un ordre un peu plus relevé ont sou- vent couvert de leur sanction ces respectables arrêts, et nous méritons d'être montrés au doigt comme de vils et inertes crétins que nous sommes. Pourtant, il faudrait que la noble cité relevât la tête , et voulût faire face aux. calomnies, car, eniîn , elle s'appuie sur un glorieux passé, et je ne sache pas que le ciel lui doive refuser sa portion d'avenir. Les cités sont pareilles aux champs que féconde la main du laboureur; elles o n t , dès leur origine, un germe pro- ductif qui ne s'épuise pas si vite, bien qu'il compte ses mauvais jours et ses années de stérilité. Laissez faire; la plante qui végète, le grain qui sommeille se produira au temps venu, et vous reconnaîtrez la généreuse nature d'un sol qui n'est pas ingrat. Nous savons que notre illustration littéraire est con- temporaine des beaux âges de Rome ; c'est Rome elle- même qui a vanté nos luttes oratoires et nos librairies,