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392 L'ANCIENNE DOUANE DE LYON Madame de Sévigné s'en plaint à diverses reprises dans ses lettres à sa fille qui habitait la Provence et à qui elle fai- sait de Paris de fréquents envois d'objets de toilette. Dans une lettre du 18 mars 1689 (24), elle lui annonce l'expédi- tion d'une robe par un courrier qui doit prendre une autre route que celle de Lyon « car, dit-elle, tout le monde se « plaint si fort de la Douane de Lyon qu'on ne veut plus de « cette voie. Madame de Bagnols (la femme de l'intendant « de Lyon, Dugué Bagnols) en fait grand bruit et le dé-' « sordre pourra y apporter un ordre. » Dans une précédente lettre du 11 septembre 1676, il était question de l'envoi d'une corbeille de mariage desti- née à la fiancée de M. de la Garde, parent et voisin des Grignan en Provence. Parmi les objets de la corbeille, il y avait surtout une fameuse perruque qui excite la verve de la spirituelle marquise : « La bonne d'Escars, dit-elle, « (c'était la marchande) est bien en colère contre la « douane; il en coûte plus de 100 francs! aussi elle a sur « la conscience d'avoir fraudé la gabelle de plus de moitié; « c'est une chose cruelle que cette sujétion. » Cent francs de droit sur une perruque dont on ne déclare que la moitié paraîtront exagérés, alors que le tarif de 1632 ne frappait que d'un droit de 2 1/2 pour cent les marchandises origi- naires du royaume qui descendaient par le Rhône et la Saône en destination de la Provence et du Dauphiné (25). La proportion indiquerait une valeur réelle de 8.000 livres, en tenant compte de la dissimulation de moitié dans la décla- ration. Maisil est évident queles 100 francs payés à la douane portaient sur la valeur totale de la corbeille expédiée en un (24) Edition Capmas, t. II, p. 267. (2^) Guyot, Répertoire de Jurisprudiiice, F. Douane,