page suivante »
350 ROUMANILLE ET LE FELIBRIGE Va! elles revivent dans les coeurs de tes amis, ces heures charmantes et fugitives passées auprès de toi. Les entre- tiens intellectuels, où ton délicat esprit s'épanchait en saillies attiques, ne s'oublieront jamais. Daudet a parlé avec raison de ton âme amoureuse et chaude, franche et loyale : il t'a nommé « un poète popu- laire ayant la parfaite intuition de l'âme provençale, de ses nuances et de ses ardeurs, mais simplement populaire, agréable, charmant, exquis, connaisssant à fond sa langue et son pays adoré (10) .» Heureux es-tu, cher Maître ! Tu as bien mérité de ton pays d'origine, et tu as. pu t'écrier fièrement : J'ai combattu le bon combat. Toutes mes heures N'ont eu qu'un but, n'ont eu qu'un désir souverain : Agrandir ton domaine, empêcher que tu meures Pensée et te garder forte comme l'airain. Tu as chanté ta douce chanson sous le chaud soleil, parmi les gris oliviers, ainsi qu'une cigale de Grèce. Trou- vère de Provence, tu as vaillamment servi ton pays. Ame charmante, tu as traversé la vie avec sérénité. Travailleur infatigable et de mérite, tu n'as pas délaissé l'œuvre commencée. Épris du culte de tes aïeux, les troubadours et diseurs de fabliaux, tu as charmé tes compatriotes par les accents de ta poésie fine, légère et tendre. Tu les as réconfortés par les éclats de ta gaieté d'honnête homme. Et tu as vu, ô bonheur ! fleurir de ton (10) Supplément du Figaro, 30 mai 1891.