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340"           ROUMANILLE ET LE FELIBRIGE

   Ce premier recueil du poète est tout rempli des souve-
nirs de la maison paternelle. Il a des accents d'une péné-
trante douceur pour célébrer son cher pays et son climat
superbe. Il le chante à l'automne, tandis que l'âme de son
petit frère Paul — ange que Dieu a pris — vient voltiger
auprès de lui ; il le chante au printemps, sous le splendide
rayonnement de la nature en fête, exubérante de sève et de
force, en la saison où les cœurs d'adolescents soupirent,
où gazouillent les rossignols 'qui peuplent les haies d'aubé-
pines roses, le long des chemins ombreux et parfumés.
  A citer aussi Y Aubade qu'il dédie à ses sœurs, Toinette
etThérésine; il en puisa l'inspiration dans les stances de
Uhland. Il faudrait traduire en entier ces belles pages
calmes et lumineuses, tristes et solennelles.
   La jeune malade écoute les anges qui l'appellent :
« N'entendez-vous pas, dit-elle, ô ma mère, ce doux
chant des anges !. »
   « Je n'entends rien, enfant ; ferme de nouveau les
yeux, » répond la mère, car
             Pour toi, fille, pauvre et malade,
             Nul des riches, nul des heureux,
             Ne vient chanter la sérénade.

   « Ah! » reprend la jeune fille

             Ce n'est pas l'écho d'un chant mortel
             Que j'écoute,
             Et qui calme ma souffrance.

   Cependant les anges disaient :

             Heureuse, notre sœur va partir;
             Son visage resplendit déjà
             De la gloire du paradis.