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                 kÔUMANÎLLE ET LE EÉLlBRlGE                 .J33

   A sa sortie du collège de Tarascon, il fut nommé pro-
fesseur à Nyons-, en 1845, nous le retrouvons au collège
Dupuis, rue de « l'Espitau », à Avignon, où il eut pour
élève Mistral, alors âgé de quinze ans.
   Là Commença l'étroite amitié qui, cinquante ans durant,
unit ces deux intelligences d'élite.
   Roumanille entrait ensuite comme correcteur à l'impri-
merie Seguin, se mariait en 185 5 avec MUe Gras, la sœur du
poète, et poète elle-même, ouvrait sa librairie et commen-
çait sa vie d'intimité familiale, de travail infatigable et de
propagande félibréenne.



                              II


   La langue d'oc, tellement en honneur jadis, était depuis
le commencement du siècle singulièrement délaissée. Le
temps était loin où les moines, les prêtres et les empereurs,
les rois et les princesses tenaient à honneur d'apprendre
son doux parler. Elle n'était plus guère usitée que parmi les
artisans, les montagnards alpins et les marins provençaux.
    Ressusciter cette langue, lui rendre en même temps que
sa douceur, sa grâce, sa finesse, son harmonie, sa noblesse,
la consécration nouvelle d'un usage nouveau, voilà l'entre-
 prise que Roumanille sut mener à bien. Et que de difficultés
 pourtant ! Ce n'est pas chose aisée, en effet, que de faire
 refleurir des expressions en désuétude; de rendre la vie à
 des mots oubliés pour la plupart, dont on dit en les lisant :
 « Que signifient-ils ?» ; de choisir dans le fatras du langage
 populaire les substantifs et les adjectifs exacts, les verbes
 nécessaires, les expressions heureuses ; de se rappeler les
     N° 5. — Mai tSj2                                  2?