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BIBLIOGRAPHIE 293 léon, a inspiré quelques poètes ; Arndt, Ruckert, Kcerner. On lit peu Jean-Paul Richter, et Hofmann lui-même tombe dans l'oubli. Novalis rappelle Klopstock ; on ne connaîtrait peut-être pas les deux Schlégel „ans Mme de Staël. Chamisso a laissé un conte célèbre, Tiare SchUmilh, l'homme qui n'a pas d'ombre; Uhland est le principal inventeur du lied. Heinrich ne mentionne qu'en passant les grands philosophes de l'Allemagne : Leibnitz, parce qu'il a écrit surtout en français et en latin, Kant, Fichte, Schelling et Hegel, parce que leur style n'a rien de littéraire. Il faut arriver jusqu'à Henri Heine, pour trouver un grand poète. Bien différent de Gœthe, il ne trouva pas de place dans les cours d'Allemagne ; il dut se réfugier à l'étranger, et s'éteignit à Paris après de longues souffrances. Il a surtout usé de la raillerie ; mais, comme Gœthe, il a retracé parfois, dans le 'Pèlerinage de Kevelaar par exemple, les sentiments religieux avec une telle vérité, qu'il semble impossible qu'il ne les ait pas ressentis. Dans ses deux derniers volumes, comme dans le premier, Heinrich s'est gardé soigneusement de tout esprit de système ; il a rejeté l'in- fluence irrésistible des milieux et le développement fatal des peuples. Il n'a pas imité, cependant, ces critiques qui jugent toutes choses, sans avoir eux-mêmes un ensemble de principes. Sa théorie littéraire, celle qui inspire tous ses jugements, est exposée dans de nombreux [passages, sans faire néanmoins l'objet d'un chapitre spécial ; elle consiste à appré- cier les œuvres littéraires d'après leur conformité avec le vrai, le beau et le bien. Ajoutons que cette belle histoire de la littérature allemande, si sûre dans ses appréciations, si nouvelle et si complète, que sa thèse sur Tarcival, que son livre sur la France, l'étranger et les partis, que les nombreux articles et opuscules qu'il a fait paraître sur les sujets les plus variés, que son œuvre littéraire, en un mot, constitue encore le moindre des titres d'Heinrich à la reconnaissance de ses concitoyens et aux regrets qu'a inspirés sa mort prématurée. Il a été surtout un pro- fesseur, un inspirateur, un directeur de la jeunesse, un apôtre, et le but qu'il se proposait d'atteindre ne se trouve nulle part mieux indiqué que dans cet excellent petit livre, le Livre de persévérance, où il guida le jeune homme à l'époque la plus difficile de la vie, on l'y retrouve tout entier ; il y a mis tout son cœur. E. CHARVÉRIAT. K° 4. — Avril .892 20