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PROMENADE AU SALON 28l les huit journaux de Lyon eussent été inondés de commu- niqués et de réclamations ! Les « apprêteurs » n'auraient eu qu'à se bien tenir. Dans la serre, c'est un curé manœuvrant le sécateur. Remplacez le curé par un jardinier ordinaire, le tableau perdra cinquante pour cent. Le second tableau s'est changé en route : il ne s'agit plus de la chaussure des chevaux, mais de celle des humains; le maréchal est devenu savetier. C'est spirituellement enlevé, mais les chaussures étalées en guirlande autour de l'entrée de l'échoppe, sont traitées avec un amour du détail qui trahit chez l'auteur un goût bien singulier, et elles prennent une valeur telle que l'attention est absorbée aux dépens du bonhomme qui peine à l'in- térieur. Tout est sur le même plan. La Vénus blessée (238), de M. Deully, n'a cure de ces appendices. Aussi, à courir, les pieds nus comme le reste, à travers les bois, s'est-elle blessée aux épines du chemin. Notre esprit égalitaire a passé sur les déesses comme sur les mortels, et nos Vénus et nos Olympiennes sont dian- trement bourgeoises. Je conviens que celle-ci est une gaillarde superbe, mais il ne jaillit pas de sa chair ce reflet incorporé à la matière, qui caractérise les êtres d'un monde supérieur. M. Fantin-Latour n'embourgeoise pas ses nymphes. Il s'en tient aux traditions, et, d'un pinceau presque avare, il nous retrace, dans ses Danses (266), une vision charmante. Mais la Josiane (344), de MUc Jeanne Guyon, nous ramène tout à fait à terre, sans nous adoucir la chute, par le moindre grain de poésie. Une autre artiste femme, MI,e Marie Nicolas, s'est attaquée à une Eve (514), qui va donner à ses innombrables filles une drôle d'idée de leur grand'mère. Déterminer le type d'Eve est autrement difficile