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                          PROMENADE AU SALON             277

les formats sont bons, c'est l'Å“uvre seule qu'il faut
juger. Eh bien ! je ne dirai pas qu'il a produit un chet-
d'œuvre, lui-même ne me croirait point ; mais j'ai comme
une idée que la plupart des défauts reprochés à ce tableau
résultent de la manière dont l'auteur s'y est pris. Il a dû
commencer une étude sans plan déterminé, plaçant un per-
sonnage, faisant poser un modèle qu'il avait sous la main*
Puis il a pris goût à son sujet, a poussé son étude et s'est
trouvé d'avoir fait un tableau. Sa seconde toile, Marchande
à Pompéï (301), est une agréable restitution de l'antiquité.
Mais M. de Gaudemaris est-il bien sûr qu'une patricienne,
même mariée, courût les magasins toute seule, comme une
miss anglaise ?
   M. Auguste Hirsch ne nous avait pas fait encore d'envoi
aussi important que la Fête de Carlina (348), scène de la
vie populaire en Italie, reproduite d'une façon charmante.
Toute femme aime les fleurs, mais quel heureux pays que
celui où une simple blanchisseuse peut en recevoir, avec
accompagnement d'une aubade ! Sans parler de l'amoureux
qui attend son tour et qui n'aura nul besoin de musique
pour être bien accueilli.
   Le Philtre Infernal (44) de M. Baûer ne me dit rien. Si
c'est un philtre amoureux, je le préviens que la recette du
galant de Carlina me semble de beaucoup plus sûre. Je lui
accorde pourtant que son diable n'est pas plus mauvais
que beaucoup de ceux que nous rencontrons tous les jours,
et que la complexion anguleuse et rigide du personnage
tend à confirmer le dicton : « Dur comme le diable. »
   Que dire du Bureau des Nourrices de M. Frappa? sinon
ce qu'il s'est sûrement dit lui-même : qu'il n'y reviendra
plus. Un seul genre de femmes inspire le pinceau de cet
artiste, et ce ne sont ni les vierges, ni les mères, ni les
     N° 4. — Avril 1892                             jn