page suivante »
218 BIBLIOGRAPHIE de l'espagnol, de l'anglais. Les locutions mêmes qui, dans le patois et dans le français, sont identiques par la racine et ne se distinguent que par la terminaison, n'ont-elles pas pénétré dans le premier par le canal du second? Oui, quelquefois, mais pas toujours. Ainsi les mots hûns femina (patois féna, fr. femme), seminare (pat. séno, fr. semer), illu- minare (pat. allenô, fr. allumer) ont, dans Tune des deux langues conservé l'« et rejeté Ym, tandis que dans l'autre ils faisaient l'inverse, rejetant ïn et gardant Ym. N'est-ce ,pas une preuve évidente qu'ils sortirent séparément, par deux canaux parallèles mais distincts, de la source commune. Les derniers chapitres donnent des spécimens de patois, consacrés autant à conserver la physionomie morale de nos villages lyonnais au temps du patois, que le patois lui-même. Il y a là , tant en prose qu'en vers, de précieux proverbes locaux, des observations non moins précieuses sur les éty- mologies des noms propres ; la classique chanson la Coze- nare (la Couzonnaise), dont notre ami Du Puits-Pelu a discuté et éclairci le texte dans la Revue du Lyonnais ;xm. long et émouvant épisode local de 1793, raconté en patois de Couzon, avec la traduction française en regard (Leu senou d'Arbegni : le[sonneur d'Albigny) ; enfin divers autres récits ou traductions en patois de Trévoux, de Bourg, de Belle- ville, de Marboz, bref de toute la région du nord de Lyon, ce qui permet de se former une idée des modifications que subit, de proche en proche, un idiome non fixé et marchant à l'aventure, sans aucune académie ou centre administratif capable de lui donner des lois. Pour finir, M. Villefranche a eu raison, assurément, de ne pas promettre à sa Grammaire autant de succès qu'à ses autres ouvrages ; elle n'aura jamais dix éditions comme le Fabuliste chrétien ou la Vie de Dont Bosco, encore moins dix-