Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                         EN OISANS                      207

y avait même sous un vieil arbre une table boiteuse, au
moins préhistorique, et[deux bancs vermoulus/calés sur des
pierres moussues. Nous étions las de nos quatre heures de
marche dans la neige fraîche et nous fîmes là une halte
délicieuse.
   Jusqu'à Vallouise, nous trouvâmes à la vallée un charme
inexprimable, on revoyait des prairies, des fleurs... Voici
le pittoresque village d'Ailefroide. Sa petite chapelle, au
clocheton aigu et ses huttes misérables, dans un site magni-
fique, vous font songer à quelque « Lortet » idéal.
   Le chemin passe un pont de bois, vers le confluent des
torrents de Celse-Nière et de Saint-Pierre, qui enserrent, à
sa base, la masse colossale du Pelvoux.
   Nous allons d'un pas léger, entre les sapins aux teintes
sombres, les épicéas plus jaunâtres, les trembles à l'écorce
lisse et blanche.
   Au joli village des Claux, il faut s'arrêter et jeter un
regard en arrière sur un tableau de toute beauté. Le Grand
Pelvoux de Vallouise (ainsi l'appelait-on autrefois) se
dresse maintenant incomparable dans son fier isolement et
semble sortir des ombrages qui bordent les rives du Gyr.
    Au tournant, nous quittons à regret ce vieux roi du
massif, roi détrôné, il est vrai, par deux aventuriers nou-
veaux qui se sont trouvés 'plus grands que lui (la Meije et
les Écrins, qui le dépassent de 33 et de 149 mètres), mais
 monarque aussi imposant, quoique plus abordable.
    Nous laissons à gauche le chemin de l'Eychauda, et nous
sommes bientôt à Vallouise.
    A l'hôtel, nous soupons par hasard avec un touriste
 parisien, plus bavard que méchant (... il n'est pas du Club
 Alpin), et amateur de petites courses inoffensives quJil
 qualifie de grandes ascensions.