Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                        EN OIS AN S                        193

allons, plus ces contorsions des reins, ces mouvements de
reptiles nous paraissent naturels.
   Le vent ne s'est pourtant pas calmé. Dans un passage
périlleux, Gaspard pose son piolet contre le rocher sans
songer à l'assujettir, mais un coup de vent plus fort nous
prend en écharpe, renverse le malheureux piolet qui pique
une tête à cent mètres plus bas, rebondit comme une balle
pour rebondir encore, et finalement arrive en trois sauts
insensés jusqu'au Glacier Carré. Inutile de dire qu'il est en
morceaux et que nous n'aurons à rapporter que la hache et
la pointe.
   Sans autre incident nous finissons par atteindre le pied
du Grand Pic. Nous traversons le glacier, assez effrayant à
la descente parce qu'il est bombé au milieu et que la partie
inférieure, invisible, semble tomber et tombe réellement
dans le vide. A la plateforme, Roderon reprend son sac
qu'il y avait laissé, et nous attaquons la descente de la
grande muraille.
   Nous retrouvons, presque avec plaisir, notre ami le Pas-
du-Chat; il n'a plus de secrets pour nous. Nous passons...
et une fois passés, je me retourne et je regarde encore cette
étroite corniche qui fuit sous le rocher; c'est ainsi qu'on
quitte à regret toute chose qu'on n'a fait qu'entrevoir après
l'avoir longtemps désirée.
   Voici maintenant le plus terrible : ces maudites roches
très lisses qui tombent à pic sur le campement de
Castelnau.
   Nous sommes dans le même ordre que pour la montée ;
seulement       c'est tout le contraire. Gaspard est le dernier
et Roderon ouvre la marche.
   Arrivés à un rocher qui se penche sur l'abîme, il faut se
couler vers la gauche; mais Roderon, manque le tournanî