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i8o M. DÉSIRÉ GIRARDON avaient assignés, il déployait de si rares qualités, témoignait d'une conception si élevée de son rôle, qu'il avait pris à Lyon une place à part dans le monde de l'enseignement, et que sa situation morale était autrement considérable que ses fonctions. On ne le regardait pas seulement comme un professeur de premier ordre; on ne le tenait pas seulement pour un novateur très avisé et très compétent en fait de programmes et de méthodes, on savait encore qu'il y avait en lui un rare organisateur, d'une très ferme volonté et d'une ardeur communicative ; on savait qu'il était résolument dévoué, en dehors de toute attache officielle, à la cause de l'instruc- tion publique ;'on savait enfin qu'il était infiniment supérieur aux postes qu'il occupait, qu'il n'avait pas encore « rempli tout son mérite », et qu'à l'occasion on pourrait compter sur lui pour de plus vastes entreprises. Aussi, lorsqu'en 1857 un groupe d'hommes éminents songèrent à créer à Lyon une école d'enseignement tech- nique, s'adressèrent-ils immédiatement à lui pour les aider dans leur projet. Et un beau jour, M. Arlès-Dufour vint le trouver, lui disant : « Faites-nous donc une Martinière pour nos fils. » C'est de ce mot qu'allait sortir l'École Centrale lyonnaise. Ce mot était un manifeste et un programme. Il signifiait que les hommes éclairés de la bourgeoisie étaient las d'un état de choses qui les plaçait dans cette alternative, ou bien de faire de leurs fils des avocats et des médecins, ou bien d'en faire des commerçants et des industriels ignorants et mal préparés.