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130 EN OISANS devient plus dur... on atteint le campement de Castelnau, on traverse puis l'arête pour passer, à gauche, le Pas du Chat, d'où on redescend, comme ça..., sur le Glacier Carré, où on mange... » Brave père Gaspard ! il nous racontait cela du même ton qu'on vous dirait à la tour Eiffel : « Nous pouvons prend re l'ascenseur...mais si vous préférez monter à pied... » Et quand il ajoutait : « A cet endroit là nous dînerons », il semblait réellement qu'on allait y trouver une table servie avec plusieurs entrées. A sept heures, nous gagnons la paille fraîche du refuge et nous y faisons nos lits. En vain j'essaye de dormir, en vain je ferme les yeux pour ne plus voir les derniers reflets du jour qui entrent par les fentes, en vain je me bouche les oreilles pour ne pas entendre les ronflements de mes voisins et les craquements du toit sous les efforts de la gelée : le sommeil ne vient pas. Je suis passablement ému, je l'avoue, et je préférerais livrer de suite la bataille du lendemain. A dix ou onze heures enfin je m'assoupis et m'endors. ' A minuit, Gaspard allume la bougie et nous réveille. Mon frère a dormi trois ou quatre heures, il faut le tirer par les pieds pour le faire lever. Dehors le temps est magnifique, quoique un léger brouil- lard s'étende sur nous. Nous buvons du café et partons. La pleine lune nous éclaire a giorno et nous dispense des lanternes. Un par un, silencieusement, nous défilons à travers le clapier, en remontant le vallon, et lorsque émergeant du brouillard, nous voyons au-dessous de nous, en arrière, cette nappe blanchâtre et moutonnée, enserrée entre les deux versants des Etançons comme un lac vaporeux, plus 4