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92                     L'ABBÉ HYVRIER

de quelques personnalités laïques toujours disposées à se
parer de la mitre !

   Après les graves affaires, le Supérieur, déjà très sensible
aux charmes des vallons dauphinois, et des apothéoses de
soleil couchant si souvent admirés de la terrasse de Saint-
Bruno, laissa alors croître et épanouir en son cœur le rayon-
nement sacré de l'art. A Rome, à Florence, dans les petites
cités de l'Ombrie, des Marches, il suivit Fra Angelico,
Giotto, les primitifs contemporains du doux François
d'Assise, de Catherine de Sienne, pèlerinage exquis, enve-
loppant, où le prêtre bénissant la foi créatrice de tant de
chefs-d'œuvre, laissait l'artiste ravi devant les Jésus sou-
riants, les Vierges blondes immatérielles, les grands saints
auréolés d'or, les Anges thuriféraires, musiciens, devant tout
ce céleste cortège peint avec la foi, l'espoir de l'au-delà, la
certitude d'une éternelle béatitude! Cortège splendide,
théories incomparables d'artistes sincères, depuis les pre-
miers essais des inspirés naïfs du xme siècle jusqu'aux
sublimes apparitions du xvi0 siècle; le scepticisme du
XVIIIC siècle et sa religiosité maniérée, le décor militaire,
pompeux des premières années de ce siècle, le mauvais
goût, la lourdeur des classiques à la David arrêtèrent le
triomphal défilé des grands peintres religieux. Nos églises
étaient et sont encore attristées par ces immenses toiles de
commande officielle où Jésus n'entend plus les humbles, où
Marie ne sourit plus aux malheureux; les églises, elles aussi,
atrocement maltraitées par la protection gouvernementale
lorsqu'elles étaient anciennes, s'élevaient, s'élèvent hélas
encore sur des plans inédits, offrant ensuite à l'admiration
ou à la piété, des temples, des asiles comme la Trinité,
Saint-Augustin à Paris, Saint-François, Saint-Pothin Ã