Revue du Lyonnais » série 5 - n°13 ( 1892 ) » pp.066

66       J.-J. ROUSSEAU ET MADEMOISELLE SERRE

son nom de la particule. Sans attacher trop d'importance
à ces qualificatifs, qui étaient monnaie courante au siècle
dernier, il est au moins permis d'en déduire que les Serre
avaient acquis un rang social des plus honorables. Aussi
la franchise avec laquelle il est procédé, au grand jour, à la
reconnaissance d'un enfant né avant mariage est pour nous
surprendre, tant elle est en désaccord avec nos conventions
modernes.
   De nos jours, en semblable situation, des familles
appartenant à cette classe de la société emploieraient mille
détours pour régulariser les choses. Au contraire, Victor
Genève et sa jeune épouse s'acheminent bravement à
l'église, avec leur enfant, et cela en pleine ville, dans un
quartier populeux qui est le leur, très probablement à
pied, suivis de leurs invités et précédés du bedeau de
 Saint-Saturnin qui, selon l'usage, est venu chercher la
 noce, au domicile de la mariée.
   Le sentiment du devoir et la haute idée qu'on se faisait
•alors de la dignité maternelle couvraient tout aux propres
yeux des époux et arrêtaient les remarques désobligeantes
sur les lèvres des curieux.

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  Il serait intéressant de savoir si la fortune des Serre cor-
respondait à leur condition sociale. Le contrat de mariage
nous éclairerait à ce sujet; mais, jusqu'à cette heure,
toutes mes recherches ont échoué. Je me suis vainement
adressé au successeur de maître Bertholon, mentionné
dans l'acte de mariage : le contrat n'est plus aux archives
de la Chambre des notaires et a très probablement été
détourné par quelque chercheur; j'ai vainement compulsé,