page suivante »
J.-J. ROUSSEAU ET MADEMOISELLE SERRE 59 pondance de Rousseau n'indique, de sa part, la moindre velléité d'obtenir Mlle Serre en mariage ; peut-être ne faut- il pas le regretter pour notre compatriote. Quant au philo- sophe, je me figure qu'une bonne vie de ménage, s'il en eût été capable, aurait empêché sa plume de verser dans plus d'un sophisme. M. Ritter invita « les érudits lyonnais » — ce sont ses propres expressions — à rechercher les dates de la naissance, du mariage et de la mort de MIU Serre, son contrat et son testament. Puis, aucun érudit n'ayant répondu sans doute à son invitation, M. Ritter requérait plus tard le modeste concours d'un homme de bonne volonté et me faisait l'honneur de me charger de ces recherches. Ce sont les premiers résultats de cette enquête que je vais exposer, accompagnant la production des textes, de quelques considérations qui m'ont été suggérées par la lecture de ces pièces, lorsque je les ai rapprochées des livres IV et VII des Confessions. * ** Jean-Jacques Rousseau a subi la loi commune à tous les faiseurs d'autobiographies. Pour sincères qu'ils veuillent être, il leur sera ftoujours difficile de ne point apporter quelque accommodement à la vérité. L'âme a ses pudeurs et ses révoltes, lorsqu'il s'agit de se confesser ainsi à haute voix. D'autre part, c'est une belle occasion de s'accorder des compensations à tant de déconvenues que la vie nous réserve, et si l'amour-propre croit y trouver son compte, il ne craindra pas d'outrer les aveux jusqu'au cynisme. En ce qui concerne particulièrement Rousseau, les recherches entreprises par ses nombreux amis et commen-