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                     DES MIGNOT DE BUSSY                       29

sur Paris, pour enlever le roi et dissoudre l'Assemblée
nationale.
   Nous ne sommes pas certain que M. de Bussy n'ait pas
compté sur la réussite du projet formé à Chambéry et à
Turin, et qu'il n'ait pas organisé sa petite troupe pour l'une
et l'autre de ces deux fins : prêter main-forte au roi venant
en Lyonnais, se défendre lui-même et défendre ses voisins
contre les brigands. Quoi qu'il en soit de ses intentions, pour
lesdits brigands, le complot est manifeste. Ils arrivent de
Mâcon, au nombre de deux cents, envoyés par la munici-
palité de cette ville, et grossis en route de tous les gardes
nationaux de bonne volonté, chargés de déjouer les projets
« des ennemis de la Constitution, qui fait le bonheur de
cet empire. »
   Le château de Villié est cerné, et sur le vu de la réqui-
sition légale, M. de Bussy se laisse arrêter avec six de ses
hôtes et son valet de chambre. Conduit à Mâcon, le procès
s'instruit, tout tourne à prouver son innocence ; maison ne
veut pas admettre « que sous la Constitution qui est par-
faite, un innocent ait pu courir des dangers. » M. de Bussy
est donc transféré à Paris, accompagné par la Garde natio-
nale, malgré |que le ministre, sur un décret de l'Assemblée
Constituante, ait désigné la maréchaussée et les hussards
pour lui servir d'escorte. Il est emprisonné à l'Abbaye ;
pendant ce temps, enquête nouvelle, procès nouveau. Le
Tribunal ne jugeant pas encore sur les seules intentions,
non manifestées, qu'on avait eues, ou qu'on aurait pu avoir,
l'accusation étant d'une absurdité trop évidente, on fut
forcé de l'acquitter (40).

  (40) Lire l'émouvante histoire de M. de Bussy en 17,90, dans
M. Taine. Les origines delà France Contemporaine. La Révolution. Tome I,
page 395 et suivantes.