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442              LETTRES D'HIPPOLYTE FLANDRIN

notre courage et notre force. Cette espèce de bonheur
m'écrase et je voudrais bien savoir m'en délivrer, mais je
ne l'espère pas.
   Encore, si c'était là tous mes soucis... Mais ma pauvre
femme, dont la santé a été si mauvaise depuis la mort de
sa mère, a été prise encore plus violemment depuis notre
retour de la campagne. Toux permanente depuis neuf mois,
crises de suffocations terribles, fièvres par accès, tout cela
la mine et l'affaiblit ; et, comme vous le pensez, m'a préoc-
cupé et profondément désolé. Cependant, le bon Dieu nous
a accordé un repos, une amélioration notables, qui durent
depuis un mois, et par lesquels je le prie de nous conduire à
la guérison. Priez avec moi et mes enfants, chers amis,
pour que Dieu nous exauce et rende la santé complète à
cette bonne et utile mère, si dévoué et si tendre.
   Les circonstances ont fait que plusieurs des bons méde-
cins de Paris l'ont vue et se sont accordé à voir en tout
cela une affection nerveuse sans danger pour la vie, mais
devant laquelle l'art reste à peu près impuissant.
  Les enfants, grâce à Dieu, ne vont pas mal. Nous vous
remercions bien vivement du bon et affectueux souvenir
que vous leur gardez.
   Vous, chers amis, comment vous trouvez-vous par ce
rigoureux hiver, dans votre petite maison de campagne ? (8)
N'y avez-vous pas froid? Mmc Lacuria travaille-t-elle un
peu? Et vous, bon ami, vos leçons prennent-elles tout
votre temps? Ah! mon pauvre Paul se plaint bien de cette
manière d'user son temps, mais hélas ! ça répond plus
directement qu'autre chose à certaines nécessités. Sauf une


  (8) Les Lacuria avaient acheté une petite maison à Oullins.