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                               BIBLIOGRAPHIE                              369
le train s'ébranle au milieu des cris, des chants et des pleurs; les uns
tâchant de s'étourdir, les autres, se laissant aller à leur chagrin.
    Le 2 septembre, à neuf heures du soir, sous une pluie torrentielle,
on débarque à Belfort. Ici commence à se faire jour cette incurie incon-
cevable, qui doit durer jusqu'à la fin de la campagne. Les Mobiles
 attendent l'arme au pied, sur le quai de la gare; mais, il n'y a pas
 d'ordres, aucuns préparatifs pour les recevoir ; les portes de la ville sont
 fermées. Les officiers perdent la tête, et la débandade commence. Morts
 de faim, crottés, mouillés jusqu'aux os, les infortunés cherchent un gîte
 dans les granges voisines. Le lendemain, on se rejoint tant bien que
 mal. Les jours suivants, les Mobiles furent établis, soit dans les forts, soit
 dans des fermes autour de Belfort.
    Le 22 septembre, un bataillon, dont fait partie Valentin Durhône,
est dirigé sur Neuf-Brisach, qui bientôt doit être bloqué par l'ennemi.
    Cette ville, place de guerre de ( premier ordre, le chef-d'Å“uvre de
Vauban, était loin d'être armée de façon à soutenir un siège en règle
contre les formidables engins des Allemands. L'artillerie de la place se
composait de sept pièces de 24, de quelques pièces rayées de 12, et
d'un grand nombre de pièces de tout calibre, mais impropres au service.
Plusieurs d'entre elles, ciselées, fleurdelisées, aux armes de Louis XIV,
auraient fait meilleure mine dans un musée, que sur les remparts. Et,
pour desservir ce pitoyable matériel, 270 artilleurs, dont 200 gardes-
mobiles !
    Enfin, l'ensemble des forces ne dépassait pas 5,000 hommes, dont
630 hommes de l'armée active ! Le reste se composait de 1,200 Mobiles
du Rhône, de deux bataillons des Mobiles du Haut-Rhin, de francs-
 tireurs et de douaniers.
    La place était abondamment fournie de poudre, de vivres et d'équi-
 pements militaires. Les fusils à piston distribués à Sathonay, avaient
 été remplacés par des fusils dits à tabatière, se chargeant par la culasse.
    Cependant, avec un armement aussi défectueux, les Mobiles se
 battirent avec courage. Le 15 octobre, une sortie importante a lieu,
 la journée fut chaude. Voici les réflexions qu'elle a suggérées à Valentin
 Durhône.
     « Tout le monde avait accompli. correctement son devoir, et beau-
 coup plus qu'il n'était permis de l'espérer. Car les troupes engagées, à
 part le 74 e de ligne, comptaient à peine deux mois de service. Elles
  voyaient le feu pour la première fois. Il convient au surplus d'ajouter,

       N° 5 — Novembre iSSS.                                         25