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                             DU VAL-DE-GRACE                    353

personnel qui y vivait. Malgré toutes ces résistances, le
9 octobre 1795 la Convention renouvelait ses ordres, et
quinze jours plus tard, le Val-de-Grke recevait les malades
du Gros-Caillou.
   Mais tout n'est pas encore terminé et la lutte continue
sourdement entre les partisans du nouvel établissement et
les conservateurs intéressés à l'ordre de choses antérieur.
Malheureusement pour ces derniers, l'état de guerre où
l'on se trouvait nécessitait des locaux considérables. Le
Gros-Caillou fut maintenu, bien qu'au second rang (3).
Quant à l'ancien hôpital de Saint-Denis, de Franciade,
comme disaient encore les Jacobins dans leur jargon,
destiné à une catégorie spéciale de malades, il ne put
être supprimé par suite des intrigues de ses fonctionnaires.
   Cela ne doit pas nous surprendre. En ces temps difficiles,
beaucoup de gens compromis par les événements et ruinés
par les révolutions, trouvaient dans d'humbles fonc-
tions publiques le moyen de vivre modestement, il est vrai,
mais à l'abri des convoitises des puissants du jour.
   Les documents administratifs conservés au Val-de-Grâce
sont pleins de révélations à ce sujet, et plusieurs des faits
qu'ils relatent ne ressemblent que trop à ce que nous voyons
aujourd'hui. Car les changements politiques ont pour effet
d'abaisser les caractères en mettant perpétuellement cette
pauvre nature humaine entre ses convictions et ses besoins,
et le choix pour l'ordinaire ne saurait être douteux. Il faut
vivre, quelle que soit l'amertume du pain qu'on reçoit et
que l'on dévore en silence.
   Pareillement la tourbe des nouveaux venus cherche aussi


  (3). On dut même établir plus tard à Picpus un hôpital provisoire,
qui fonctionna de 1818 à 1830.
     N° 5 — Novembre 1888.                                     24