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 3 4 0 HISTOIRE DU COUVENT DES GRANDS CARMES DE LYON

  provisoirement installés dans divers étages de ces maisons,
  furent dispersés ailleurs. Le commerce et l'industrie se par-
  tagèrent alors toutes ces petites constructions. Rien ne
  vient donc justifier les lugubres souvenirs que la tradition a
  attachés aux ruines de ce couvent. Si vous allez visiter le
  rez-de-chaussée, encore debout, du grand bâtiment claustral,
 vous y remarquez une table immense, faite sur place avec la
 menuiserie décorative du réfectoire des Carmes. Ses gigan-
 tesques proportions se prêtent assez aux sinistres récits qui
 vous la représentent comme ayant servi à l'expédition des
 arrêts de mort que, par deux fois, l'esprit révolutionnaire a
 si cruellement multipliés à Lyon. Cette sorte de légende
 est-elle un reflet des impressions que le couvent des Carmes
 de Paris a laissées dans les esprits contemporains de la Révo-
lution ? Les imaginations populaires troublées par les spec-
 tacles sanglants dont fut témoin notre propre cité, ont-elles
confondu dans les mêmes souvenirs les massacres de Paris
 et les exécutions de Lyon, et jeté sur les mêmes noms de
lieux et de personnes les mêmes marques de réprobation ?
Il faut bien que le couvent des Carmes de la rue de Vaugi-
rard ait vu se dérouler dans ses murs de grands drames
révolutionnaires, puisqu'un illustre historien a pensé, en
interrogeant les taches de sang qui les couvrent encore,
y lire les faits les plus saisissants du règne de la Terreur.
Mais les traditions redressées par la critique historique,
doivent se dépouiller de l'éclat d'emprunt, que prêtent aux
monuments et aux faits de fortes émotions. Le couvent des
Grands Carmes de Lyon, aux deux époques critiques de
notre histoire, c'est-à-dire pendant les guerres religieuses
comme aux jours de la Terreur, n'a vu souiller son enceinte
par le sang d'aucune victime.             C. BROUCHOUD.
     {A suivre.)