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3^0                  HISTOIRE DU COUVENT

 Ayant remontré aux officiers de justice qu'il n'était pas le
 P. Provincial et qu'il n'avait pas été présent à la scène
 qui avait eu lieu dans la chapelle des Pénitents, il fut relâché.
 Mais les sergents se ravisèrent, « ils suivirent le P. Pro
 cureur, l'atteignirent sur le pont de Pierre, près le Change,
 se jetèrent sur lui, l'arrêtèrent avec violence, lui déchirèrent
 même sa chappe et le traînèrent ainsi comme un infâme et
 un scélérat dans les prisons de l'Archevêché. » Le
 P, Prieur sollicita son élargissement après avoir établi qu'il
 avait passé toute l'après-dînée du dimanche avec le
R, P. Paul et le Procureur Paint, chez M. Vaginay, avocat.
Le promoteur de l'officialité, Sauveur Nanis, ne voulut
point conclure à sa mise en liberté, et d'accord avec tous
les autres officiers de l'archevêque, il manifesta sa réso-
lution de le retenir en prison jusqu'à ce que le P. Pro-
vincial et tout le couvent eussent fait satisfaction de l'insulte
dont se plaignait le vicaire général. La poursuite ne s'arrêta
pas là ; en effet, le 9 mars, l'appariteur vint de la part du
grand vicaire « signifier au couvent et placarder sur la
grande porte un interdit contre le P. Provincial, le P. Nicolas
Talet, le P. Sylvestre, sacristain, et le F. Albert, laïque ;
par cette sentence, il était défendu aux trois premiers
de célébrer la messe et, de plus, le pouvoir de confesser
et de prêcher était retiré à tous les religieux. Menace
fut enfin publiquement faite de trompetter dans la quinzaine
les quatre personnes sus désignées, si elles ne venaient
répondre devant l'official de leur conduite. » L'archevêque
de Lyon, Camille de Neufville, était en ce moment à
Paris; il devait lui être difficile de démêler la vérité au
milieu des récits contradictoires qu'il recevait de ses officiers
et des PP. Carmes. Ceux-ci se plaignirent de l'oppression
passionnée que le grand vicaire exerçait sur eux, et ils le