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              LAURENT MEILLET DE MONTESSUY                 319

d'une princesse de Savoie, il en pouvait bien rejaillir quelque
éclat sur son gouverneur. Mais, il faut faire aussi la part de
ce qui revient au mérite de Meillet. Il avait pour lui la jeu-
nesse toujours sympathique, la sincérité estimée, sinon
pratiquée, par les courtisans et surtout un véritable amour
des lettres, qu'il cultivait sans pédanterie. Nous l'avons vu,
la pédanterie était l'objet de ses attaques et de son mépris.
Il est même à remarquer que sous sa plume le mot pédant
prend déjà la mauvaise acception qu'il n'avait pas encore.
   Ce qu'il renroche le plus aux pédants, c'est de ne rien
savoir; « par la fréquentation que j'avais avec plusieurs
gentilshommes mercenaires qui estant employés à la con-
duite et gouvernement de plusieurs jeunes seigneurs, enfans
d'honneur du roi Louis XIII, je cogneu qu'ils ne servaient
d'autre chose à leur suite que d'ostentation et de vaine
apparence, n'ayant au surplus aucune suffisance acquise
pour l'institution de cette jeune noblesse. »
   Blâmant aussi la recherche affectée de certaines notions
puériles ou routinières, Meillet voulait cependant l'instruc-
tion pour tous, même pour les hommes de guerre, et il a
écrit un long chapitre prouvant qu'un bon capitaine doit
« avoir des lettres. » Il cite comme exemple le maréchal
de Lesdiguières « parvenu aux dignités qu'il possède autant
par les lettres que par les armes, » et pour montrer que le
roi Henri IV, lui-même, « faisait grand estime des hommes
doctes, » il nous raconte un fait dont il a été témoin :
   « Le 29 juin 1608, jour et feste de S1 Pierre et S'Paul
le vénérable Père Cotton prescha dans la grand'sale de
Fontainebleau des marques de la vraye Eglise : à l'issue de
sa prédication, il se suscita un murmure dans la chambre
du Roy touchant la réalité du sainct Sacrement de l'autel;
Gigor, un des plus fameux ministres du Languedoc, impu-