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               LAURENT MEILLET DE MONTESSUY                3 II

existence précaire et misérable ; bien au contraire, les sol-
dats, exposés aux seuls hasards de la guerre, parcouraient
le pays en maîtres, menaient joyeuse vie, et, soit qu'ils
eussent à protéger des alliés ou à surveiller des ennemis,
ils commençaient toujours par réquisitionner ou rançonner.
Aussi à vingt ans, Meillet savait tous les avantages qu'il y a
de porter la rapière au côté, et vers la fin de l'année 1599,
il prenait du service dans la maison militaire de Jean de
Saulx-Tavanes, gendre de la marquise de Villars (9).
   Pour ses débuts, il assista à la prise de la ville de Bourg-
en-Bresse, « petardée et prinse par le mareschal de Biron,
le samedy au soir, i2 me jour d'aoust T6OO. Peu de jours
après, nous raconte Meillet, (j'estais lors fort jeune soldat),
j'ouys avec un grand trouble d'esprit qu'on blasmait publi-
quement le sieur de Bouvens, gentilhomme généreux et
brave guerrier, gouverneur pour le duc de Savoyc en la
citadelle dudit Bourg, de ce que beaucoup de femmes,
enfans, vieilles gens et personnes invalides s'estans jettées
dans son fossé au bruit du pétard, il les avait retiré dans la
place. Me semblant pours lors que ce fust une pure malice,
d'attribuer quelque blasme à celuy, qui, selon mon opinion
méritait au contraire une grande louange : mais j'ay reco-
gnu du depuis, que ce blasme prononcé par la bouche
d'hommes guerriers, estait imputé avec grande raison
puisque quand ainsi serait, qu'il n'en arriverait autre incon-
vénient, il ne serait que trop grand et pernicieux, quand il
ferait consommer à des gens inutiles les vivres et provisions
qui devrayent estre soigneusement conservez pour les
hommes de service et gardes du fort (10). »


  (9) (Voir à h page 312 la noie ci).
  (10) Éd. 1618, pag. 825.