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278                LETTRES DU CAPITAINE

aisé à prendre par famine. C'est ce qui me faict espérer
qu'encor ceste race mauditte ne fera aucun semblant de se
rendre-, que néantmoins elle est sur le point de le faire et
plus tôt aujourd'huy que demain; car je ne sçaurais pres-
crire d'autres termes à une si languissante fain.

  « Si vous voyés comme moy en quel point ils sont
réduitz, j'estime que vous sériés de mon opinion et qu'ainsy
vous excuseriés la créance trop prompte que j'ay eue de la
reddition de ceste place.

   « Adieu. Je suis vostre, etc.

                                    « LA HOGUETTE.

                              « Au camp devant La Rochelle.
                                   « Ce 27 aoust 1628. »



    d u e l historien a jamais aussi bien fait comprendre les
 horreurs de ce siège malheureux ?
    Faisons la part des mœurs, du temps et des aventures.
Pensons à l'énervement, à la surexcitation des assiégeants
qui, dans la boue et sous les ratfales de la pluie, ne pou-
vaient triompher de la tenace résistance des assiégés.
    Mais comme on sent le capitaine, dans cet écrivain,
l'homme qui a vu, qui a lutté, qui a souffert! Et comme on
est tenté de lui pardonner, ou du moins d'excuser sa haine
implacable contre les religionnaires invaincus pendant un
an !
    duand la ville se rendit le 28 octobre ; quand Louis XIII
fit son entrée, le I er novembre, au milieu de cette popula-
tion hâve et décimée, La Hoguette n'était pas dans les rangs
de l'armée française. Il se mourait, à Saintes, des fatigues