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258 LETTRES D'HIPPOLYTE FLANDRIN au départ, car, comme vous le remarquez fort bien, du train dont on va maintenant il faudrait changer de dili- gence aussi souvent qu'on se verrait forcé de s'arrêter. Je voulais vous répondre aussitôt votre lettre reçue, mais le petit tyran que nous aimons (10) absorbe tout le temps que je reste à la maison, soit en se faisant regarder et admirer quand il est sage, soit en se faisant porter et bercer dans nos bras pendant des heures lorsqu'il frit le méchant... Du reste, jusqu'à présent, tout va bien. Il a bonne mine et commence à grossir même pour des yeux qui le voient continuellement. Quant à la mère, le père et l'oncle, ils sont tous trois enrhumés et toussent de con- cert. Mais j'espère que ce ne sera rien. Les travaux dans les églises commencent par devenir par trop rafraîchissants, et je crois bien que je ne pourrai guère aller plus loin que la fin de ce mois. Depuis votre départ nous avons eu quelques jours admirables dont j'ai profité pour avancer un peu le Portement de croix (11) et revoir les étages supérieurs; ce qui me permet de faire enlever toute la partie supérieure de l'échafaudage jusqu'au premier étage. Alors je pourrai commencer à juger mon ensemble, et, ce qui ne sera pas un petit bénéfice, ça me rendra un peu de lumière. J'ai eu la visite de M. Ingres, il y a quelques jours, qui m'a témoigné beaucoup de contentement et m'a donné quelques bons conseils. Je vous remercie beaucoup des quelques observations que vous me faites à la fin de votre lettre, et comme j'y reconnais beaucoup de bon, je vous (10) Le premier enfant d'Hippolyte. (11) A Saint-Germain-des-Prés.