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256 LETTRES D'HIPPOLYTE FLANDR1N
(Sans date) (9).
MON CHER LACURIA,
Nous venons seulement d'apprendre le malheur qui vous
a frappé depuis près d'un mois. Vous avez perdu votre
bonne mère ! et les meilleures, les seules consolations sont
celles que Dieu donne à ceux qui comme vous lui sont
fidèles. Qu'il daigne donc vous montrer cette tendre mère,
heureuse près de son mari, et de là , regardant ses bons et
dignes enfants. Que cette vue, cette foi, adoucisse l'amère
douleur de la séparation et fasse de votre courage un nou-
veau mérite pour plus tard vous réunir à eux.
Votre bonne lettre, apportée par M. Ferrez, nous avait
appris sa première maladie, mais, comme vous, nous avions
repris espérance. Écrivez-moi, je vous prie, ce que vous
faites; quels sont vos plans. Rien de ce qui vous touche ne
peut nous être indifférent.
Mon cher ami, pardonnez mon laconisme. Mais je viens
de faire un tableau qui est déjà au musée, et auquel il faut
que je travaille encore. J'en ai reçu la permission, mais elle
ne doit pas être longue et je cours en profiter.
Adieu, Paul et moi nous vous embrassons de tout notre
cœur. Embrassez pour nous vos chers frères.
Votre ami affectionné,
Hippolyte FLANDRIN.
(9) Cette lettre a dû cire écrite en 1844.