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               DES GRANDS CARMES DE LYON                 2}J

de douze, dont il donne les noms et qui étaient conduits
par leur prieur, que tous ces religieux s'arrêtèrent et res-
tèrent là assez longtemps, paisiblement et sans opposition ;
que le prieur toujours revêtu des vêtements sacrés célébra
alors la messe dans le dit local et sur l'autel précité, en
présence des témoins amenés par les notaires, que tous
ont pu voir et entendre l'office par des fentes pratiquées
dans la clôture du lieu saint, les portes de l'oratoire ayant
dû rester fermées à cause de l'interdit général qui couvrait
la ville de Lyon à cette époque, mais après avoir fait du
dehors ces constatations, et la messe une fois terminée,
notaires et témoins entrèrent dans la chapelle, s'appro-
chèrent de l'autel, y reconnurent tous les objets par eux
décrits et cédèrent à la réquisition des religieux en dressant,
pour fournir la preuve de tous ces faits, un instrumentant
publicum, qui fat authentiqué par l'apposition du sceau de
l'officialité et de la signature des notaires et d'un grand
nombre de témoins.
   Il ne faudrait pas croire qu'en exigeant toutes ces mani-
festations de la puissance judiciaire, les Grands Carmes
aient cédé à de personnelles prédilections de juristes.
Lyon était alors un foyer de lumières. Toutes les sciences
y étaient professées, des écoles nombreuses versaient, à
peu de frais, dans l'esprit d'une jeunesse ardente des tié-
sors d'instruction. L'étude du droit lui-même y était en si
grande faveur, qu'en 1290, quelques années après que
l'Université de Paris eût fermé ses portes à l'enseignement
du droit romain, l'archevêque de Lyon et le Chapitre de
son église s'y disputaient l'honneur de nommer les licen-
ciés en droit canon et en droit civil, qui sous le titre mo-
deste de doctores légère volentes, répandaient ensuite chez les
étudiants de l'époque le goût de la procédure formaliste